La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Grande

Grande - Critique sortie Théâtre Paris Le CENTQUATRE-PARIS
Grande, périple imaginé par Tsirihaka Harrivel et Vimala Pons . CR : Tout ça que ça

Reprise / Le CENTQUATRE / conception et mes Tsirihaka Harrivel et Vimala Pons

Publié le 25 août 2017 - N° 257

Spectacle aussi inclassable qu’exceptionnel, Grande revient au 104 après le succès de la saison passée. Une deuxième chance à ne pas manquer.

On se souvient du remarquable De nos jours (Notes on the circus) du collectif Ivan Mosjoukine qui avait fait sensation il y a quatre ans. Une sorte de cabaret dada circassien mené tambour battant qui enchaînait les numéros tout autant qu’il en révolutionnait le concept. Après dissolution de cette troupe internationale, deux de leurs membres, Tsirihaka Harrivel et Vimala Pons, remettent le couvert avec Grande. Actrice de cinéma et de théâtre, passée par le Centre National des Arts du Cirque et le Conservatoire national d’art dramatique, Vimala Pons a un parcours marqué par la transdisciplinarité. Il en va de même pour son compère Tsirihaka Harrivel, le cinéma en moins et la musique en plus. Leurs trajectoires respectives respirent la liberté et le goût du mouvement en dehors des cadres établis. Si Grande est aussi remarquable et émouvant, c’est sans doute parce que le spectacle fait passer sur le plateau (et dans la salle) le souffle de leur liberté. Ces jeunes trentenaires défient les cases, les genres, les catégories de production et de création, et font vibrer le plaisir et le danger qu’il y a à oser, à se permettre tout mais pas n’importe quoi. Résultat : leur spectacle est hors normes et vous renversera sans doute.

Une machine à laver sur la tête

Les deux artistes associés au 104 décident dans Grande qu’on est au cabaret plutôt qu’au cirque et qu’on peut donc y faire numéro de tout, de strip-tease, de chant, d’arts martiaux, de comédie, tout autant que de voltige ou de services de tennis, ou qu’on peut également porter une machine à laver sur la tête ou jeter des couteaux sur des images de Poutine et Le Pen. Pour sa structure, le spectacle est constitué de revues qui se succèdent entre des tables recouvertes de synthétiseurs qui sentent bon les années 80 et d’un amas de fringues digne d’une friperie. A chacune d’elle, les deux artistes entrent en scène comme si leur vie en dépendait. Ça va vite. Tout dans le spectacle s’enchaîne en boucles rapides. Il n’y a pas à raisonner. On est emportés. Des thématiques émergent et replongent, autour du fil rouge et intermittent de l’histoire ordinaire d’un couple. Entre une chute vertigineuse le long d’un toboggan à pic et les va-et-vient d’un palan électrique qui les empoigne comme des pantins, au rythme trépidant d’une musique qu’ils ont composée, Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel emportent dans un ailleurs du cirque, du théâtre, du spectacle, dans la pétarade de leur créativité qui paraît tout aussi instinctive qu’élaborée, capable comme un voltigeur de se mettre cul par-dessus tête et, comme par miracle, de retomber sur ses pieds. Une fin mélancolique et épuisée, une revue d’amour numérotée 1, parce que le spectacle commençait par la fin, et un compte à rebours y mettent un terme. On en sort lessivés et remis à neuf, l’infini champ des possibles de la scène vient de s’ouvrir à nouveau.

Eric Demey

A propos de l'événement

Grande
du mardi 19 septembre 2017 au mercredi 11 octobre 2017
Le CENTQUATRE-PARIS
5 Rue Curial, 75019 Paris, France

 

à 20h30, relâche dimanche et lundi. Tél : 01 53 35 50 00.  Durée : 1h55.

 

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