La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Zoom

Zoom - Critique sortie Théâtre
Photo : J-M B Lobbé La mère de Burt (Linda Chaïb) dans le rôle du fils.

Publié le 10 mars 2009

Zoom, un monologue de Gilles Granouillet, est porté par Linda Chaïb, une mère de banlieue à fleur de peau, qui élève seule son fils. Elle livre ses faiblesses et ses colères.

Hormis l’angle de vue, puisque la parole est donnée à un parent d’élève et non pas aux collégiens ni aux profs, le spectacle Zoom se rapproche de l’univers d’Entre les murs, la fiction réalité de Bégaudeau. Incarné avec l’émotion gouailleuse et le débit intense de Linda Chaïb dirigée par François Rancillac, le monologue de la mère à la dérive révèle la face familiale cachée des élèves « difficiles » qui hantent les salles de classe des établissements scolaires. La mère de Burt surgit à l’improviste dans une classe vide mais pleine de public pour une rencontre entre parents et professeurs. L’intruse est habitée par cette envie que les mots sortent du silence afin de livrer son autocritique. Cette « rebelle » n’aime pas les regards posés sur elle. Jogging, baskets, capuche, écharpe entortillée autour du visage, elle ne répond pas aux attentes, elle sait qu’elle dérange. « Tu ris pas aux mêmes endroits, tu ris à côté, je veux que tu ries moins fort, dedans », lui a déjà dit son fils.

Une bonne dose d’agressivité

Son destin se réduit à ne pas avoir trop d’ambition et son ambition, à être juste « tolérée ». Encadrement social, assistantes psycho-éducatives, tous notent chez cette mère seule avec enfant une bonne dose d’agressivité, due à un terrain familial complexe, à l’absence de l’image du père, à l’échec scolaire et à la colère de ne pouvoir se projeter dans l’avenir. Elle décide que son fils sera star de ciné mais Burt ne mange que des pains frites mayonnaise pour combler sa honte. Conseils de discipline, renvois, la mère réagit violemment dès qu’il s’agit de son mini Obélix, et on la jette en prison. Libérée, elle demande pardon à ceux qui se battent pour transmettre et éduquer. Le rejeton incapable est devenu violoncelliste : « sa musique, il l’avait cachée dans son silence ». Linda Chaïb, sourire et grâce, un masque à l’amertume rentrée, monte sur les tables, plonge la tête dans un seau d’eau, écrit au tableau et invective le public. Son cri est juste et sincère même si le propos assez banal joue un peu trop pathétiquement sur la souffrance provoquée par l’indifférence de nos sociétés envers «  les plus démunis ».

Véronique Hotte


Dès 13 ans
Zoom

De Gilles Granouillet, mise en scène de François Rancillac, à Marcq Salle des fêtes le 7 mars 20h45, Andelu Salle des fêtes le 5 avril 15h, tél : 01 30 86 77 78 ody@theatre-sartrouville.comtexte publié chez Lansman Editions.

A propos de l'événement

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