Zéphyr de Mourad Merzouki

Répondant à une commande du Vendée Globe, Mourad Merzouki a créé au tout début du mois de novembre Zéphyr, pièce dans laquelle il jette une dizaine d’interprètes dans les éléments déchaînés, filant avec talent les métaphores venteuses et maritimes. Sur le plateau, le temps est d’abord clément. Un couple complice, après s’être rafraichi auprès d’un petit ventilateur, exécute un pas de deux urbain et aérien, tout en souplesse et délicatesse. Avant même que le groupe ne s’élargisse, l’on découvre bordant les trois pans de la scène, une structure couleur rouille percée de neuf cercles qui tels les hublots d’un navire échoué, invitent les danseurs à des jeux de cache-cache.

Mille paysages

Mais bientôt les vents violents, activés par de superbes ventilateurs ayant comblé les trous des hublots, s’en mêlent et notre équipage malmené mais soudé, tantôt tourbillonne balloté par le souffle, tantôt tente de lui résister. Pendant l’heure que dure cette traversée, invités au voyage par la musique d’Armand Amar et fascinés par la beauté des lumières de Yoann Tivoli, on croira voir mille paysages et mille images, belles ou cruelles. L’ingéniosité de la chorégraphie comme de la scénographie – que l’on doit à Benjamin Lebreton – fera naître un groupe de galériens, un peuple conquérant arrivant par la mer, une forêt d’éoliennes, un océan grondant et engloutissant les corps pour mieux les déverser inertes sur le rivage, une sirène monumentale et séductrice à souhait. On jurera qu’algues et embruns ont envahi le plateau. Arrivés finalement à bon port, on goûtera le triomphe fait à Mourad Merzouki et à la vivacité de ses danseurs.

Delphine Baffour