« Winterreise » de Schubert mis en scène par Deborah Warner

Le Voyage d’hiver est toujours à recommencer, même et surtout pour ceux qui en connaissent les moindres détours : Dietrich Fischer-Dieskau hier, aujourd’hui Ian Bostridge qui le fréquente depuis déjà quarante ans et a livré son obsession pour l’œuvre dans un livre passionnant (Actes Sud, 2015). Accoutumés à l’exercice du récital – qui prend avec les soixante-dix minutes de Winterreise l’allure d’un marathon –, le ténor anglais et son fidèle accompagnateur Julius Drake savent que le théâtre naît ici des 24 poèmes de Wilhelm Müller, du chant et du piano. La tâche est ardue pour la metteuse en scène Deborah Warner : incarner la figure du voyageur par le corps et la voix du chanteur, sans brutaliser les métaphores que portent texte et musique. Les échos des premières représentations en Angleterre l’an dernier laissent entendre que le pari est réussi.

Jean-Guillaume Lebrun