Wajdi Mouawad dirige « Iphigénie en Tauride » de Gluck

Adepte d’un théâtre vivant, où les mythes intemporels sont autant de miroirs possiblement tendus vers les temps actuels, Wajdi Mouawad aime proposer ses énigmes aux spectateurs. Tel le sphinx d’Œdipe (il avait monté celui d’Enesco à l’Opéra Bastille), il nous laisse dévorés par les interrogations du drame, les failles du récit dans lesquelles se glisse la musique – c’étaient par exemple les clairs-obscurs et les incertitudes qui animent les personnages de Pelléas et Mélisande de Maeterlinck et Debussy l’an dernier, également à l’Opéra Bastille.

Figure du mythe

Le metteur en scène entre aujourd’hui à l’Opéra Comique avec cette autre figure mythologique, que surplombe, comme pour Œdipe et Mélisande, une malédiction qui toujours la devancera, condamnée ici à exécuter sans le savoir son propre frère. Toujours soucieux de l’articulation dramatique entre parole et musique, Wajdi Mouawad pourra compter sur l’énergie de l’ensemble Le Consort, qui participe à sa première production lyrique, dans une œuvre où l’intensité émotionnelle repose autant sur les scènes peintes par l’orchestre que sur les béances que font apparaître les interruptions, les reprises et les silences. La jeune et brillante Tamara Bounazou y tient le rôle-titre.

Jean-Guillaume Lebrun