Pour une nouvelle gouvernance de la politique culturelle
Sylvie Pflieger est maître de conférence en [...]
Avec autant d’impertinence que d’humour, la performance de Sandra Iché invite à prendre la mesure du train où va l’Histoire.
« Wagons libres se frotte à cette question multiple : comment se fait l’Histoire ? Comment la faire ? Comment la dire ? ». Le sérieux du sujet de fond n’a d’égal que l’inventivité jubilatoire de cette « bricoleuse » qu’est Sandra Iché. Profitant de l’espace du théâtre pour faire le choix poétique d’une perturbation chronologique, la performeuse amarre la réalité à la fiction en se proposant de « faire du souvenir l’outil de remise en jeu du présent en le transposant dans l’avenir ». Mêlant toutes les ressources artistiques qui peuvent servir son propos, notes écrites, fichiers sonores, vidéo, la danseuse et historienne de formation prend appui sur un travail de fond pour mener à bien sa démarche expérimentale, à la fois rétrospective et d’anticipation. En 2000, dans le cadre de sa maîtrise universitaire, elle s’intéresse à l’histoire du magazine francophone beyrouthin des années 90, l’Orient-Express. Dix ans plus tard, en 2010, elle conduit une nouvelle série d’entretiens avec les anciens journalistes de la publication suivant un protocole inédit : les interviewés vivent en 2030, et parlent depuis ce 2030 comme s’il s’agissait d’aujourd’hui. La transposition chronologique, en forme de troisième œil, démultiplie l’espace du jeu. Avec un humour fracassant, l’ex-membre de la compagnie Maguy Marin, formée à l’école de danse de Anne Teresa de Keersmaeker, interroge la fabrication du récit historique en proposant une relecture dynamique et inquiète de notre présent.
Marie-Emmanuelle Galfré
Sylvie Pflieger est maître de conférence en [...]