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Avignon / 2014 - Entretien Vincent Ecrepont
Vincent Ecrepont interroge le thème universel du vieillissement de nos proches à travers cette comédie où le burlesque tutoie la gravité.
Pourquoi avez-vous voulu évoquer sur la scène le thème du vieillissement ?
Vincent Ecrepont : S’il est une question qui nous concerne tous, c’est bien celle du vieillissement de nos proches : dans quelles conditions nos parents termineront-ils leur vie ? Où et comment ? Nous y sommes-nous préparés ? A dire vrai, ce projet est né d’une conversation que mes parents ont engagée avec leurs enfants après un passage de mon père en soins intensifs. Très simplement ils nous ont dit ce qu’ils voulaient et ne voulaient pas pour leurs dernières années. C’est avec cela que je voulais faire création, le théâtre est mon vocabulaire et le plateau assurément l’un des lieux qui donne le mieux à penser ce que, trop souvent, l’on tait.
De quelle façon le texte de Jean-Claude Grumberg aborde-t-il ce thème ?
V. E. : Il aborde cette question pleinement sociétale du vieillissement à travers une comédie où le burlesque tutoie la gravité. Pour avoir évoqué le sujet plusieurs fois avec lui, il se défend d’avoir écrit une pièce sur la maladie. Il explore cette question de la perte de mémoire en revisitant l’un des thèmes fondateurs de son écriture qui interroge notre capacité d’oubli collectif. Ce tout dernier texte est porté à la scène pour la première fois par notre compagnie et je ne suis pas peu heureux qu’il m’ait accordé sa confiance pour la création française de cette écriture.
Qui sont les personnages ?
V. E. : Un directeur de maison de retraite, une résidente et son fils : voici le trio qui compose Votre maman. Sous l’œil de ce directeur interprété par Gérard Chaillou, l’action se tisse au fil des visites qu’un fils, interprété par Laurent d’Olce, fait à sa mère. Et pour donner vie à cette mère au caractère bien trempé dont la mémoire s’est égarée, il fallait bien l’inventivité et la générosité de cette grande dame du théâtre qu’est Françoise Bertin. Après dix années d’absence au théâtre, c’est pour créer ce personnage qu’elle a accepté de remonter sur scène.
Comment définissez-vous votre projet de mise en scène ?
V. E. : Le projet de mise en scène repose sur le désir d’universaliser l’intime de ce propos tout en évitant le pathos de ces situations, que l’auteur aborde avec extrêmement d’émotion et d’humour. J’assume pleinement ce comique qui, chez Grumberg, interroge toujours les endroits douloureux que sont l’oppression des figures du pouvoir, le déni d’humanité ou la perte d’identité. Avec juste le désir d’inviter le spectateur à interroger « l’essentiel ». Provoquer la pensée, c’est bien l’une des raisons d’être du théâtre, non ?
Propos recueillis par Agnès Santi
Avignon Off. Le Petit Louvre, La Chapelle des Templiers, 29 rue Saint-Agricol. Du 5 au 27 juillet à 18h35, relâche le 16 juillet. Tél : 04 32 76 02 79.
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