La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Voleurs de Poules

Voleurs de Poules - Critique sortie Théâtre Paris Chapiteau du Cirque Romanès
Le Cirque Romanès, familial et tzigane. © Christophe Chaumanet

Chapiteau du Cirque Romanès / par Délia et Alexandre Romanès

Publié le 23 janvier 2014 - N° 217

Comme toujours libre, sincère, joyeux et chaleureux, le nouveau spectacle du cirque familial et tzigane de Délia et Alexandre Romanès enchante.  

Ce qui réjouit dans le cirque de Délia et Alexandre Romanès, ce qui fait sa qualité unique, c’est d’abord une façon d’être ensemble, ici et maintenant, une manière de partager le moment de la représentation. Avec simplicité et convivialité, et en toute liberté. La musique tzigane donne au spectacle son charme, sa poésie et son ambiance chaleureuse, la danse et toute une palette de numéros de cirque se succèdent,  certains impressionnants par la prouesse et la virtuosité, d’autres plus axés sur l’humour et le décalage. Jonglage, acrobatie, funambule, cerceau, corde volante, ruban, tissus, danses… Les chapeaux volent, les balles dessinent de facétieuses trajectoires, le feu tournoie, un petit chien fait le beau (Alexandre a depuis longtemps renoncé aux fauves), une jeune fille marche sur pointes le long du fil, certains acrobates s’élancent gracieusement, et d’autres tombent à toute vitesse…  Le moment où Délia chante, son regard tendre levé vers une toute jeune acrobate qui s’élève dans les airs, est parmi les plus beaux. Chacun ici est visible, chacun a sa place à trouver, et personne n’est seul. Face au public en fond de piste, les musiciens et artistes ne partent pas en coulisses et regardent comme nous les numéros.

Danse flamenca

Un anneau qui tombe ? On s’en amuse, le spectacle continue, sans aucun temps mort, vif, très rythmé, coloré et généreux. La perfection et la performance ne font pas partie du vocabulaire : ne sont-elles pas parfois quasiment inhumaines, imposant une pratique implacable et stérile du toujours plus et toujours mieux ?  « Le spectacle sera toujours moins important que les hommes qui le font » a dit Alexandre, qui mène la troupe avec sérénité et autorité. La fanfare parfois joyeusement s’avance et enchante le public pendant que se prépare le numéro suivant. La danse flamenca, perpétuée par les Gitans en terre andalouse, s’invite au cœur du programme. Les cinq filles de Délia et Alexandre, les petits-enfants, les plus jeunes et les plus vieux sont rassemblés  au cœur de ce cirque familial, et la petite Rose qui était la vedette de La Reine des Gitans et des Chats a grandi. C’est le cœur et la chaleur qui donnent le ton, plus que les conventions et les règles. Créer est aussi une façon de faire connaître la culture tzigane, encore méconnue, décriée et attaquée. Il paraît que le chapiteau devrait bientôt déménager, souhaitons que le nouvel espace soit sûr et facile d’accès. C’est un honneur pour Paris d’avoir le Cirque Romanès en son sein.

Agnès Santi

A propos de l'événement

Voleurs de Poules
du samedi 19 octobre 2013 au dimanche 23 février 2014
Chapiteau du Cirque Romanès
42-44 bd de Reims, 75017 Paris.

Du 19 octobre au 23 février. Les samedis à 16h et 20h30, les dimanches à 16h. Le 31 janvier à 20h30. Tél :  01 40 09 24 20 ou 06 99 19 49 59. Durée : 1h45. A lire : Un peuple de Promeneurs, Paroles perdues, Sur l’Epaule de l’Ange d’Alexandre Romanès (Gallimard).
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