La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra - Entretien Iñaki Encina Oyón

Visite du Consul

Visite du Consul - Critique sortie Classique / Opéra Herblay Théâtre Roger Barat

Opéra extramuros NOUVELLE PRODUCTION / HERBLAY

Publié le 24 avril 2014 - N° 220

Le Théâtre Roger Barat d’Herblay, lieu émergent de la scène lyrique en Île-de-France, défend le projet audacieux et singulier de porter à la scène l’opéra Le Consul du compositeur américain Gian-Carlo Menotti (1911-2007). C’est le juvénile tandem formé par Bérénice Collet pour la mise en scène et Iñaki Encina Oyón pour la direction musicale qui permet la redécouverte de ce chef-d’œuvre méconnu, aux fortes résonnances avec l’actualité.

Comment avez-vous rencontré cet ouvrage rare : Le Consul de Gian-Carlo Menotti?

Iñaki Encina Oyón : En mai 2012 nous avons donné au Théâtre Roger Barat d’Herblay Vanessa de Samuel Barber. C’est une partition qui m’enthousiasme et que je connaissais depuis longtemps. Ce que j’ignorais, c’est que Menotti, compagnon de Barber, était l’auteur du livret. C’est donc pendant la préparation de Vanessa que je me suis intéressé à son librettiste et à son œuvre. Menotti, un vrai homme de théâtre, a composé presque une trentaine d’opéras, dont il a aussi écrit les livrets et qu’il a souvent mis en scène. Bérénice Collet, metteur en scène avec qui j’ai collaboré pour Vanessa, a été vite séduite par la force du livret et il nous est apparu comme une bonne idée de faire écho à notre Vanessa en choisissant Le Consul.

« Menotti, un vrai homme de théâtre, a composé presque une trentaine d’opéras dont il a aussi écrit les livrets. »

Parfois considéré comme le premier opéra américain, l’ouvrage a eu un fort retentissement lors de sa création…

I. E. O. : Le Consul remporta le Prix Pulitzer de musique et le New York Drama Circle Critics’ Award pour l’œuvre musicale de l’année en 1950.  La partition fut accueillie avec enthousiasme et resta à l’affiche pendant presque huit mois à Broadway. Une année après sa création, elle fut aussi donnée à La Scala. C’est le premier grand opéra de Menotti –puisqu’il n’avait écrit auparavant que des petites formes comme Le Téléphone ou La Médium – et sa singularité réside dans le fait que son livret et sa musique s’adaptent aussi bien à une maison d’opéra par son lyrisme qu’à un théâtre, tant la musique semble par moments se rapprocher de celle d’un film.

L’ouvrage est exigeant voire impressionnant sur le plan vocal…

I. E. O. : Il comporte une distribution importante avec onze chanteurs au total, ce qui permet les grands tableaux dans les scènes au Consulat, comme le magnifique quintette qui clôt le premier acte, ou la scène finale, dans laquelle tous les personnages défilent comme des fantômes pendant l’agonie de Magda. C’est donc une pièce d’ensemble avec la difficulté que cela entraîne. En même temps, le rôle de Magda est monumental par sa présence dans chacune des scènes et un rôle comme celui de la Mère ne comporte pas  moins de quatre airs ! Il faut donc une distribution très solide et je me réjouis de l’ensemble qu’on a pu réunir pour notre création, avec Valérie MacCarthy dans le rôle principal.

Nous savons déjà que vous serez de retour, en 2015, à Herblay, avec l’opéra Falstaff de Salieri, associé à l’académie du Concert d’Astrée d’Emmanuelle Haïm dont vous êtes l’assistant. Quelle est la chose la plus importante que vous ayez appris d’elle ?

I. E. O. : Emmanuelle Haïm est enthousiasmante d’expertise, d’énergie et de partage ! Son agenda très chargé nous oblige à travailler bien en amont toute production. Jusqu’à deux ans avant on peut commencer à explorer les sources d’une partition. Et c’est ce qui me fascine chez Emmanuelle, le travail ne se limite pas à la partition, mais comporte plein d’autres éléments et des questionnements toujours présents. Pour une partition du XXe siècle les accès aux sources sont plus simples mais je ne cesse pas de me nourrir des éléments qui ont accompagné la création de l’œuvre. On dit même que Menotti aurait composé le rôle de Magda avec en tête une certaine Maria Callas… à l’époque encore inconnue. Mais les producteurs n’auraient pas voulu de cette chanteuse !

 

Propos recueillis par Jean Lukas.

A propos de l'événement

Iñaki Encina Oyón
du dimanche 25 mai 2014 au jeudi 5 juin 2014
Théâtre Roger Barat
Place de la Halle, 95220 Herblay, France

Dimanche 25 mai à 16h, mardi 27 mai à 20h et jeudi 5 juin à 20h. Tél. 01 39 97 79 73 / 01 30 26 19 15. Places : 12 à 26 €.

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