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Avignon / 2025 - Entretien / Vincent Dussart
Vincent Dussart assemble L’Enfant réparé, de Grégoire Delacourt, et Une honte. Essai sur une image de soi, de Pierre Creton, pour ausculter la violence intrafamiliale et l’enfance saccagée.
Pourquoi ces deux textes ensemble ?
Vincent Dussart : J’ai d’abord rencontré le texte de Pierre Creton, offert par un ami. Cet ouvrage commence par la photo d’un retour de chasse dans une maison à la campagne. Une famille entoure le cadavre d’un chevreuil. Un enfant se tient devant trois hommes, le père, le grand-père et l’oncle ; il a la main posée sur la tête de l’animal. Cette image est venue me chercher dans mon passé, dans cette impuissance de l’enfance et dans la violence de cette impuissance, liée à l’impossibilité de pouvoir dire non. Quelques semaines plus tard, un autre ami m’a offert le livre de Grégoire Delacourt. Cette histoire a résonné de manière très forte avec le texte de Pierre Creton. J’avais déjà l’idée de monter celui-ci : L’Enfant réparé, qui raconte le parcours psychanalytique d’un homme qui découvre qu’il a été abusé par son père, m’a apporté la matière textuelle qui me manquait pour dire la possibilité de la réparation.
Comment s’organise leur réunion ?
V.D. : Le spectacle s’ouvre avec le texte de Grégoire Delacourt, qui est d’une grande violence et exigeait de la distance. J’ai trouvé cette distance en confiant le texte à un chœur de sept comédiens qui bat au rythme des pulsations du texte, comme s’il fallait être un groupe pour dire ces mots-là. Une fois parvenus à traverser la violence, les membres du chœur deviennent les personnages du texte de Pierre Creton : sa mère, une amie psychanalyste, une photographe, un philosophe, un professeur, un de ses cousins témoignent tous de la violence qu’ils perçoivent dans cette photo. Le narrateur peut alors se réapproprier son histoire, au-delà du traumatisme qui l’a, jusqu’alors, empêché de se représenter lui-même et de se percevoir comme sujet.
Pourquoi ce thème de l’enfance saccagée ?
V.D. : Parce que je déteste l’enfance, cette impuissance dans laquelle les enfants sont placés et l’absolue nécessité qui leur est imposée de devoir satisfaire les gens dont ils dépendent. Cette dépendance extrême les met dans une position d’objet : parfois cette objectivation dépasse l’admissible. J’espère que le spectacle permettra à chacun d’interroger son enfance. Il me parait important de parler de cela aujourd’hui, non pas d’une manière naturaliste dont le rapt émotionnel serait une reconduction de la violence, mais par ce théâtre formel que je choisis et qui offre une place importante au corps par le biais de la danse.
Catherine Robert
à 12h25 (navette à 12h). Relâche les 10 et 17 juillet.
Tél. : 04 90 85 12 71.
Durée : 2h10, trajets en navette compris.
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