La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Une heure en ville par Frédéric Constant

Une heure en ville par Frédéric Constant - Critique sortie Théâtre Bourges _Maison de la culture de Bourges
Frédéric Constant et Catherine Pietri dans Une heure en ville. © MCB

Région / Critique
Maison de la culture de Bourges / d’après Franz Kafka / mes Frédéric Constant

Publié le 20 octobre 2012 - N° 202

Sept personnages surgis de l’univers de Franz Kafka nous embarquent, une heure durant, dans les méandres de leur vie. C’est Une heure en ville, un spectacle déambulatoire de Frédéric Constant. Rendez-vous au cœur de l’humain.

Réuni sous une tente dressée à côté de l’ancien hôpital militaire de Bourges (la Maison de la culture, actuellement en travaux, présente sa programmation hors les murs), le public écoute les instructions données, via une vidéo, par le comédien Philippe Morier-Genoud. Le principe est simple. Durant une heure, au sein d’un groupe de dix personnes, les spectateurs suivront l’un des sept personnages imaginés, à partir de l’œuvre de Franz Kafka, par le metteur en scène Frédéric Constant (artiste associé à la Maison de la culture de Bourges, qui incarne lui-même l’un de ces personnages). A l’issue de ce préambule enregistré, chacun est donc invité à choisir l’interprète (Sophie Affholder Jacob, Véronique Affholder, Guillaume Junot, Daniel Martin, Catherine Pietri, Pierre Poirot ou Frédéric Constant) avec lequel il passera cette Heure en ville, en se plaçant sous l’un des sept portraits accrochés aux parois de la tente. Peu après, arrivent les personnages. Comme en désordre, les uns après les autres. Ils guident leur groupe de suiveurs vers l’ancien hôpital Baudens habilement réinvesti, pour l’occasion, par Muriel Delamotte et Anne Deschaintres (qui signent la scénographie et les costumes, les lumières étant de Jérôme Allart).

Derrière Melle Sophie, Mr Guillaume ou Mme Véronique…

C’est là, dans une ville imaginaire très inspirée – une rue, un café, un tribunal, d’étranges passages, des intérieurs d’appartements – que vivent Mademoiselle Sophie, Monsieur Guillaume, Madame Véronique et les autres. Témoins de leurs émois, de leurs espoirs, de scènes d’un quotidien pas toujours rose, nous nous promenons d’espace en espace, à deux pas de celle ou de celui dont le destin vient de nous happer. Un peu comme dans l’un des ces contes où un lecteur, projeté dans un livre, prend subitement part à l’histoire qu’il était jusque-là en train de lire. Nous nous laissons ainsi emporter sans résistance. Cette heure de déambulation théâtrale aura le charme poignant d’une rêverie sensible, d’une échappée poétique. On sourit, on se trouble, on observe, on est saisi par la brutalité d’une épreuve ou la profondeur d’une introspection. On devine, au passage, des extraits du Château, du Procès, du Journal, d’Un Rapport pour une académie, de La Métamorphose… On entend, au loin, les manifestations d’autres vies, d’autres êtres, les échos d’autres moments de théâtre que nous ne verrons pas. Et c’est très beau. Comme si la frontière séparant le monde de la fiction du monde de la réalité n’était plus qu’une membrane incertaine et poreuse. Transportés dans cette cité kafkaïenne, nous en devenons nous aussi, pour une heure, les vivants personnages.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Une heure en ville
du mardi 2 octobre 2012 au samedi 6 octobre 2012
_Maison de la culture de Bourges
Ancien hôpital Baudens, 18000 Bourges.

Tél. : 02 48 67 74 70. www.mcbourges.com. Durée : 1h. Tournée en cours.
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