La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2009 Entretien / Karine Gloanec Maurin

« Un projet culturel est d’abord un engagement vers les citoyens »

« Un projet culturel est d’abord un engagement vers les citoyens » - Critique sortie Avignon / 2009
Crédit : D. R.

Publié le 10 juillet 2009

Depuis les années 90, les collectivités territoriales ont affirmé leur rôle sur la scène culturelle. En témoignent les chiffres : de 2004 à 2010, leur effort financier a augmenté de 11 % par an en moyenne, selon l’Association des régions de France. Aujourd’hui, sur les 10 milliards d’euros de fonds publics consacrés à la culture, quelques 3 milliards viennent de l’Etat, mais plus de 4 milliards viennent des communes, 1,3 milliard des départements et 1 milliard des régions. Karine Gloanec Maurin, Présidente de la Fédération Nationale des Collectivités territoriales depuis novembre 2008, analyse cette évolution.

Quelles sont les transformations qui ont marqué l’action des collectivités territoriales dans la culture ?
Karine Gloanec Maurin : Leur engagement commence à la même époque que la création du Ministère de la Culture mais elles ont longtemps agi en complément de l’impulsion que donnait l’Etat, en particulier pour la construction d’équipements culturels et la diffusion des œuvres. Au fil des années, elles ont développé des compétences et bâti des politiques propres, souvent portées par l’identité et la géographie du territoire. Centrée au début sur les enseignements artistiques et l’aménagement territorial, leur intervention s’est peu à peu diversifiée et concerne aujourd’hui des projets singuliers, notamment des festivals et des événements présentant à la fois des artistes locaux et des artistes d’ailleurs.
 
Peut-on d’ores et déjà mesurer l’impact de la suppression de la taxe professionnelle, impôt local payé par les entreprises qui constituait la principale rentrée fiscale des collectivités ?
K. G. M. : Aujourd’hui que les collectivités territoriales ont acquis une maturité dans la gestion de projets culturels et qu’elles ont su nouer des dialogues efficaces non seulement avec l’Etat mais également entre elles, elles sont confrontées à deux problématiques majeures. D’une part, la disparition de la taxe professionnelle, quand bien même partiellement compensée par la création de la Contribution économique territoriale, entraine une perte de ressources de 6 à 7 milliards d’euros et surtout réduit leur autonomie financière. L’impact se fera sentir sur les exercices budgétaires à venir et il est à craindre que cette baisse frappe malheureusement particulièrement la culture. D’autre part, la suppression de la clause de compétence générale, prévue dans le rapport voté par le Sénat, ne leur permettrait plus d’agir en partenariat les unes avec les autres. La réactivation du Conseil des collectivités territoriales pour le développement culturel en 2008, à la suite des Entretiens de Valois, offre certes une instance de concertation avec l’Etat, mais le dialogue entre les collectivités elles-mêmes est tout aussi essentiel pour le développement des projets. Nous avons exprimé nos inquiétudes, qui semblent avoir été entendues par le Président de la République, mais la décision n’est pas définitivement tranchée.
 
« La culture est une manière d’accompagner l’épanouissement des êtres et l’avancement de toute une société. »
 
Le développement d’internet et des supports numériques modifie les conditions d’accès aux biens culturels. Comment ces évolutions technologiques et artistiques influent-elles sur les modalités d’action des collectivités territoriales ?
K. G. M. : La culture est une manière d’accompagner l’épanouissement des êtres et l’avancement de toute une société. Un projet culturel est d’abord un engagement vers les citoyens et se décline donc de différentes manières, selon les contextes et leurs évolutions. Ces tendances lourdes ont des répercussions sur les politiques mises en œuvre et sur l’économie. Par exemple, l’accès à internet et aux nouvelles technologies est devenu une préoccupation, d’autant que l’aménagement culturel du territoire est bien avancé désormais. Néanmoins, la culture ne peut se réduire à une dimension virtuelle. Elle se construit dans la relation humaine. La rencontre est au cœur des projets. C’est pour cela que le spectacle vivant a une place très importante.
 

Entretien réalisé par Gwénola David

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