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Jazz / Musiques - Entretien

Timbuktu, nouvel album d’Oumou Sangaré

Timbuktu, nouvel album d’Oumou Sangaré - Critique sortie Jazz / Musiques Paris La Cigale
Oumou Sangaré signe un nouvel album teinté des couleurs du blues. © Holly Whittaker

La Cigale / Nouvel album

Publié le 25 avril 2022 - N° 299

La diva malienne est de retour avec un nouvel album dans ses bagages, Timbuktu. Explications.

Comment est né ce disque ?

Oumou Sangaré : Juste après l’édition du festival que j’ai créé voici cinq ans, je suis partie aux États-Unis pour me reposer deux semaines. Et c’est à ce moment-là que toutes les frontières se sont fermées pour cause de Covid. J’ai donc dû rester trois mois à New York, puis à Baltimore. C’est là que j’ai contacté mon premier joueur de ngoni, Mamadou Sidibé, qui vit depuis 25 ans à Los Angeles, pour venir me rejoindre afin de faire ensemble de la musique. Et c’était parti. Nous composions, et nous envoyions nos musiques à Pascal Danaë qui était à Paris et faisait ses propres ajouts. Nous avons avancé ainsi, à travers des échanges qui nous permettaient d’affiner la musique.

Pourquoi le choix de Pascal Danaë ?

O.S.: J’ai été conseillé par un grand frère, et je l’ai testé avec une chanson. J’ai adoré le résultat !

Cela apporte une couleur plus blues à votre musique…

O.S.: Le blues vient d’Afrique de l’Ouest, c’est donc une rencontre naturelle. Ce n’est pas la première fois que je croise ma musique avec ce genre de musiciens. Je l’ai fait par le passé avec Pee Wee Ellis, Will Calhoun, tout en faisant bien attention à ne pas perdre mon identité, les rythmes du Wassoulou.

Vos chansons parlent encore de cette région, comme Wassulu Don qui ouvre l’album…

O.S.: Le Wassoulou est le socle, le centre, le cœur de ma musique, une culture très riche qui mélange harmonieusement trois traditions : peulh, malinké et bambara. C’est cela que je porte, comme l’ont fait mes aînés avant moi. C’est aussi le sens du festival que j’ai créé à Yanfolila, une petite ville du Wassoulou. Plus de 200 000 personnes sont venues, de partout, notamment de Côte d’Ivoire et de Guinée Conakry, et la ville se transforme en une petite Miami !

« Le Wassoulou est le socle, le centre, le cœur de ma musique. »

L’autre marque de votre musique est le combat pour le droit des femmes. Avez-vous le sentiment que cela a avancé depuis trente ans ?

O.S.: Énormément, et j’en suis fière. Les jeunes filles prennent exemple sur moi, elles sont devenues plus autonomes, elles sont à l’initiative d’associations, d’entreprises. La mentalité a changé : elles osent faire, réussir, travailler pour elles-mêmes.

C’est un acte politique un peu comme le choix de ce titre d’album : Timbuktu…

O.S.: Cette ville est l’un des symboles de notre pays, de son intégrité. Malgré la guerre nous restons solidaires. Tombouctou est une ville sacrée, pleine de livres très anciens et de mausolées qui ont été saccagés. Une catastrophe pour tout Malien ! Et puis Tombouctou, c’est aussi la ville de mes trois petites filles : leur mère, qui s’est mariée avec mon fils, en est originaire. 

Entretien réalisé par Jacques Denis

A propos de l'événement

Timbuktu
du dimanche 15 mai 2022 au dimanche 15 mai 2022
La Cigale
120 Boulevard de Rochechouart, 75018 Paris

à 20h. http://www.lacigale.fr/

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