La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2021 - Entretien

The Sheep Song de FC Bergman

The Sheep Song de FC Bergman - Critique sortie Avignon / 2021 Avignon
Les quatre artistes du collectif FC Bergman © Vincent Delbrouck

L’Autre Scène du Grand Avignon-Vedène / de et mise en scène FC Bergman
Entretien / Stef Aerts

Publié le 25 juin 2021 - N° 290

Cinq ans après l’immense succès de Het Land Nod, le collectif flamand revient à Avignon avec sa nouvelle création en forme de fable animalière. Un spectacle sans paroles mais peuplé d’images fortes.

Quelle est l’histoire de The Sheep Song ?

Stef Aerts : Nous voulions recourir à cette forme ancienne qu’est la fable avec des animaux pour personnages principaux. Nous l’avions déjà plus ou moins explorée pour notre spectacle Le Roman de Renart où les animaux étaient humanisés mais là, le protagoniste est vraiment un animal, en l’occurrence un mouton, qui est en train de devenir un humain. Au moment où il s’en aperçoit, son ambition grandit : il veut devenir encore plus humain, un homme parfait.

De quoi ce mouton est-il l’allégorie ?

S.A. : Si la fable renvoie à l’idée de morale, nous évitons dans nos spectacles de délivrer une morale ou un message précis. Il s’agit plus d’une méditation. Est-ce que la forme de la fable a encore du sens aujourd’hui ? Peut-être que les temps ont tellement changé que ce mode de narration n’est plus possible ?

« Nous essayons de créer des œuvres d’art ouvertes, où le spectateur puisse s’impliquer, imaginer, interpréter »

Votre récit ne contient pas de texte, comme nombre de vos spectacles. Pourquoi ?

S.A. : C’est une question qu’on nous pose souvent mais je ne suis pas sûr de pouvoir y répondre ! Dès 2007, date de notre premier spectacle sans parole, ce choix nous a paru limpide. Sans doute parce que nous essayons de créer des œuvres d’art ouvertes, où le spectateur puisse s’impliquer, imaginer, interpréter. C’est plus facile quand les mots sont absents car les images ou l’atmosphère laissent plus de champ que le texte.

Dans quelle iconographie puisent les images du spectacle ?

S.A. : Elles puisent dans l’art de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance, en particulier les primitifs flamands comme Jan Van Eyck ou Hans Memling. Le développement de la profondeur et de la perspective de cette époque a servi de fil conducteur à notre recherche poétique.

Pourtant un tapis roulant tient un grand rôle dans votre scénographie !

S.A. : C’est en effet anachronique avec l’art de la fin du Moyen Age ! Une gravure nous a particulièrement inspiré : Le « Mystère de la Passion » de Valenciennes où sont représentées les mansions du théâtre médiéval. Dans les mystères médiévaux, il était courant qu’un personnage entreprenne une quête, rencontre des gens, des créatures ou des figures morales qui lui enseignaient des choses. Nous voulions créer une sorte d’odyssée sur ce principe, mais dans The Sheep Song, c’est le tapis roulant qui bouge et non le personnage. Le tapis roulant donne le tempo et l’impulsion du spectacle, il est un symbole du temps qui ne s’arrête jamais. C’est l’une des grandes tragédies de la vie : nul ne peut l’arrêter ou lui résister.

 

Entretien réalisé par Isabelle Stibbe

A propos de l'événement

The Sheep Song
du vendredi 16 juillet 2021 au dimanche 25 juillet 2021


à 15h , relâche le 20. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 1h30

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