La neuvième édition du festival continue d’explorer le dialogue des arts de la scène et de l’image.
Médiatiques éclectiques, visuels consensuels ou curieuses fureteuses, au risque de répliques polémiques, les images se sont glissées aux creux de nos vies et biseautent en douce notre regard sur le monde. Initié en 2002 par Arte et la Ferme du Buisson, « Temps d’images » entend bien questionner justement cette prégnance en croisant les arts de la scène et de l’écran. « Le vivant d’un spectacle produit un contact direct. A partir du moment où on parle d’images, on entre dans un univers qui, par nature, est fabriqué, souligne Jérôme Clément, président d’ARTE France. Un univers dont on ne sait jamais – et particulièrement aujourd’hui, si il est réel, s’il a été manipulé, si il est en direct, quel est son rapport au temps, etc. ». Devenu européen au fil des ans, le festival va moissonner par de-là les frontières disciplinaires et géographiques, en quête de formes hybrides inventives. « Ce qui nous intéresse, c’est de voir comment des équipes fabriquent de la fiction grâce à l’image ; comment l’image permet de nouveaux modes de narration. » précise José-Manuel Gonçalvès, directeur de la Ferme du Buisson, en partance pour le 104.
Explorations par-delà les frontières
Quand il est dégagé des effets de mode, qui trop souvent encore barbouillent d’un vernis de modernité les inspirations fatiguées, le frottement du vivant et des techniques audiovisuelles a bel et bien enfanté de nouveaux langages. En témoigne la programmation 2010, déclinée en « spectacles », « chantiers », « petites fabriques », « installations » ou « nuit curieuse », soit une dizaine de propositions. Avec Tagfish, qui évoque le projet de « village créatif » dans une ancienne mine de la Ruhr, le groupe Berlin confronte les modes de représentations et les discours des différents acteurs d’un territoire bien réel, pour en révéler les contours subjectifs et la complexité. C’est aussi en creusant les plis de la réalité et de ses projections que procède le Coletivo improviso mené par Enrique Diaz, qui, avec Otro, va chercher l’autre dans la vie quotidienne et en chacun de ses membres. Superposant plusieurs plans dans L’Homme qui donnait à boire aux papillons, Teatrocinema invente un « théâtre-cinéma » qui incruste les acteurs à même l’écran et multiplie les points de vue, le temps d’un « voyage dans les possibilités de l’esprit ». Avec Cinématique, le jongleur Adrien Mondot joue des contrastes entre le concret du corps et les univers parallèles nés de l’informatique. Quant à l’équipe du Cabaret New burlesque, elle compose un tonique show musical truffé de séquences inédites de Tournée, film de Mathieu Amalric. Si elle compte plus d’habitués que de nouveaux venus, cette 9ème édition du festival ouvre de bien belles perspectives à découvrir aux lisières des genres.
Temps d’images, du 8 au 17 octobre 2010. La Ferme du Buisson, Allée de la Ferme-Noisiel, 77448 Marne-la-Vallée. Rens. 01 64 62 77 77 et www.lafermedubuisson.com ou www.tempsdimages.eu. Navette gratuite retour vers Paris (Nation, Bastille et Châtelet) sur réservation : samedi 9 octobre à l’issue de l’Abreuvoir à Musique et samedi 16 octobre à l’issue de la Nuit Curieuse.