Faits d’hiver
Un festival sous le signe de l'engagement : [...]
Danse - Entretien Thomas Lebrun
C’est ainsi que s’est toujours présenté Thomas Lebrun : tel quel, avec un naturel désarmant lorsqu’il s’agit de mettre en scène ses différences. Il poursuit aujourd’hui avec une nouvelle création, pensée d’abord pour le jeune public.
Le fond de cette pièce parle de la différence et de l’acceptation de soi. Par quoi est-elle nourrie ?
Thomas Lebrun : Pour simplifier, la pièce nous dit : on est comme on est. Il faut s’accepter tel quel, et ça peut aussi devenir une force. Je suis parti d’abord des danseurs : les quatre danseurs, deux filles et deux garçons, ont été choisis pour leurs particularités physiques, ou pour des caractères et des parcours de danse très différents. Matthieu Patarrozzi est très jeune, il fait près de deux mètres, avec une silhouette très longiligne, très fluide. A côté, il y a Yohan Têté qui a une formation contemporaine mais qui fait aussi des comédies musicales ou des shows télévisés – c’est un peu le beau gosse de la troupe ! Julie Bougard, qui est aussi chorégraphe à Bruxelles, a une personnalité très forte et très burlesque, et Véronique Teindas, petite et tonique elle aussi, a un côté discret en apparence mais qui sait s’imposer dans la vie par son côté engagé. Il y a donc un mélange de physicalités, mais aussi un mélange de caractères à l’intérieur de la pièce, qui vient des interprètes eux-mêmes. Ensuite, nous nous sommes nourris de “danses de situation“, comme un échafaudage de situations qui s’enchaînent. Petit à petit, au fil de la création, nous avons construit des personnages qui se découvrent, grandissent, et progressivement s’acceptent. Qui se taquinent, qui s’engueulent, mais qui parviennent à créer un groupe.
Comment la pièce se situe-t-elle dans votre démarche, entre chorégraphies très écrites et bien léchées et danses libérées et proches d’un lâcher-prise ?
T. L. : Ce n’est pas une écriture de danse que l’on pourrait retrouver par exemple dans La Constellation Consternée, très graphique, très écrite. C’est plus brut. Mais on retrouve un peu tout ce dont vous parlez : dans certains passages on reconnaît l’écriture, mais dans d’autres se déploie un côté plus théâtral, instinctif. Nous travaillons le rapport entre les garçons et les filles, le rapport au genre, le rapport à la façon dont on peut prendre la place dans un groupe ou laisser la place à l’autre, le rapport avec celui qui est en difficulté… On retrouve cette idée de l’acceptation de soi, mais aussi des autres et donc de la tolérance. Avec plusieurs niveaux de lecture, dont un humour et une idée du décalage que les adultes pourront mieux percevoir.
Propos recueillis par Nathalie Yokel