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Jazz / Musiques - Entretien

Sylvain Beuf s’éclaire à l’électricité

Sylvain Beuf s’éclaire à l’électricité - Critique sortie Jazz / Musiques Paris new morning

New Morning
Entretien / Sylvain Beuf

Publié le 7 septembre 2012 - N° 201

Enfant des années 60, le saxophoniste, leader et compositeur Sylvain Beuf s’est nourri de toutes les musiques du XXe siècle, du Sacre du Printemps au Rock. Après huit albums strictement acoustiques dans différentes configurations, il opère aujourd’hui un spectaculaire passage à l’électricité avec un nouvel opus intitulé Electric Excentric (sorti le 11 septembre), ouvrant de nouvelles perspectives.

Comment s’est élaboré ce passage vers un projet et un groupe électriques ?

Sylvain Beuf : Ce « passage » supposait de déboucher sur une nouvelle histoire musicale et humaine, sur un espace sonore vierge qui pourrait me permettre d’avancer de façon créative et sereine. Disons qu’après huit albums sous mon nom dédié à des formations « acoustiques », du trio jusqu’à l’octet, s’est imposée à moi l’envie d’explorer une autre voie musicale à travers une formation à quatre qui impliquerait pour moi de lâcher prise, d’aborder d’une autre façon mon rapport au son, à l’émotion et à l’énergie… Il m’a fallu un certain temps avant que mon saxophone s’acclimate à ce bain frais et brûlant à la fois, aux cotés de ces trois individualités fortes que sont Manu Codjia à la guitare, Philippe Bussonnet à la basse et Julien Charlet à la batterie. Dans le prolongement  des  nombreux moments passés ensemble sur scène en club sur Paris, l’idée est née de monter ce nouveau répertoire… Un an et demi a été nécessaire  jusqu’à la sortie de l’album.

 « Lâcher prise, aborder d’une autre façon mon rapport au son, à l’émotion et à l’énergie… »

Former un groupe électrique, c’est puiser dans une autre « mémoire musicale » que celle du jazz à proprement parler, celle du rock, du jazz-rock, de la musique africaine, etc.

S. B. : Je vis cette nouvelle expérience dans la continuité d’une histoire entamée il y a 35 ans, l’histoire de quelqu’un qui dévalisait la discothèque de ses frères et sœurs, avide de découvertes… Genesis, Weather Report, Neil Young, Le Sacre du printemps… Cette gigantesque culture de la pop, du rock, du  jazz électrique, fait partie intégrante de ma vie musicale, au même titre que la musique européenne classique et du jazz, qui est venu peu après.

Vous n’aviez pour l’instant jamais ou presque intégré de guitare dans vos groupes précédents. Pourquoi ?

S. B. : L’habitude ! En fait, j’avais tout de même enregistré avec quatre guitaristes en tant que sideman : Birelli Lagrène, Sylvain Luc, Olivier Louvel et Michel Perez. Mais comme compositeur, je vais plus naturellement vers une écriture pianistique. Pourtant Jeff Beck, Pat Metheny, John Scofield ou Bill Frisell font partie de mes héros. Je me suis vraiment décidé à jouer avec un guitariste lors d’un concert au New Morning où j’ai entendu Manu Codjia. La précision de son jeu, la richesse de ses couleurs et sa façon d’incarner l’esprit des différents morceaux m’ont donné envie de provoquer une rencontre avec lui. Pour moi, il fait cohabiter cette énergie formidable venue du rock avec cette science mélodique et harmonique issue du jazz. Son empreinte musicale est déterminante dans le son de l’album. Et Julien et  Philippe ont su s’engouffrer dans son monde sonore…

 

Propos recueillis par Jean-Luc Caradec

A propos de l'événement

Concert Sylvain Beuf
du jeudi 4 octobre 2012 au jeudi 4 octobre 2012
new morning
10, rue des Petites Ecuries 75010 Paris

Jeudi 4 octobre à 21 h au New Morning. Tél. 01 45 23 51 41.
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