« THISISPAIN », rencontre au sommet entre Hillel Kogan et Michal Natan
Rencontre au sommet entre deux artistes [...]
Avignon 2023 - Danse - Critique
Le chorégraphe offre une parenthèse collective dans un monde insensé, portée par la frénésie de cinq interprètes que rien n’arrête.
Ils débarquent du lointain comme un ouragan. S’arrêtent sur un tas de vêtements posés devant nous négligemment. S’en emparent à 100 à l’heure, n’importe comment, et les voilà vêtus de travers, à continuer sur leur lancée. Cinq hommes et femmes font ainsi irruption dans le paysage de cette pièce courte conçue pour l’extérieur, dont l’énergie fonctionne parfaitement pour ce contexte de représentation. Pris dans une sorte de frénésie collective, ils restent en grande proximité les uns des autres, formant une masse mue par le rythme binaire de la musique. Des regards, des coups de tête s’échappent, puis des balancements de corps d’avant en arrière fondent le principal de la chorégraphie. Ils semblent être habités par un mouvement qui les dépasse, un élan qui ne s’arrête jamais.
Une drôle de société
Il y a quelque chose de sauvage dans cette équipée, qui parfois souligne son geste ou son souffle d’un ahanement, d’un râle, ou même d’un rire explosif. Mais il y a aussi une sorte de joie enfantine à danser, qui invite dans ce va-et-vient des suites de petits pas sautés, des arrêts furtifs, des regards, des mouvements de tête secs et vifs. Jusqu’aux tournoiements de bras et de tête qui emportent le haut du corps… Ils s’encouragent, apostrophent le public de leur présence brute, de leur folie, de leur trop-plein, et peu à peu cette horde nous semble familière. Le chorégraphe Bruno Pradet parvient ici à nous confronter à une facette de ce que peut être notre société, tout à sa fébrilité, à son bouillonnement et à ses débordements contenus, tout en gardant le mystère d’un peuple envahi par des émotions primaires. Puis ils s’en retournent, laissant derrière eux une pièce tout terrain sans autre prétention que ce moment fugace d’humanité insensée.
Nathalie Yokel
à 18h, relâche le 16. Tél. : 04 32 75 15 95.
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