« Cabaret néopathétique », la nouvelle création de Clément Poirée sur un texte de Cami
Avec la troupe éphémère de la saison [...]
Faut-il toujours obéir à la loi ou l’enfreindre pour des causes qui la dépassent ? La question vieille comme Antigone revient sur le devant de la scène avec le militantisme écologique, et la pièce écrite et mise en scène par Sébastien Bizeau la traite avec un certain brio.
Sur le pont de la vie démocratique, le théâtre de la Concorde ouvre sa saison avec le spectacle d’une jeune compagnie, La compagnie hors du temps, pourtant en plein dans son époque avec un spectacle qui véhicule de pertinentes interrogations sur l’engagement militant. Au cœur de Pourquoi les gens qui sèment, en effet, les interrogations que lèvent les activistes écologiques quand ils outrepassent la loi pour défendre leurs causes. Extinction Rebellion s’est fait un modèle de ces actions de désobéissance civile qui attirent les feux médiatiques mais aussi les critiques de celles et ceux qui prônent le respect de la loi. L’écoterrorisme est désormais entré dans le vocabulaire politique et les barbares désigneront bientôt celles et ceux qui s’opposent aux méga bassines ou aux projets autoroutiers. C’est d’ailleurs dans une réunion de concertation autour des retenues d’eau de substitution – merveilles du langage administratif – que démarre le spectacle. Le préfet et une jeune militante s’y opposent violemment pour des motifs à éclaircir.
Humour et réflexion
Flash-back. Antoine et Chloé se sont en fait connus lors de cours de théâtre, sont tombés amoureux et ont suivi leurs voies respectives. Lui est devenu préfet, elle activiste écolo. Leur couple pâtit évidemment de cette situation qui les oppose sur les moyens à employer pour militer. Si les interactions entre les personnages ne sont pas toujours convaincantes, la très bonne idée de Sébastien Bizeau est de faire avancer son histoire suivant un enchaînement de prises de parole publique. Réunion de concertation, jeu des 1000 euros, conseil d’administration, conférence de presse, plateau télé, procès… rythment avec bonheur l’avancée de ce spectacle et dessinent des paroles qui s’opposent et des points de vue qui deviennent inconciliables. Égratignant au passage le tohu-bohu médiatique et ses travers, comme lors d’une percutante parodie d’émission d’Hanouna, le spectacle permet surtout d’explorer avec finesse et de manière assez profonde les motivations, impératifs et contradictions de chaque partie. La parole s’y fait frontale, les spectateurs témoins directs des événements publics, si bien que malgré une interprétation un peu inégale, le spectacle nous emporte dans son entrain plein d’humour mais aussi dans l’habile réflexion qu’il stimule sur la question de l’engagement militant. On peut avoir une petite idée du côté duquel penche la balance. Néanmoins, on est au théâtre et l’inconciliable s’y finit traditionnellement en tragédie. Dans un très beau final surgissent ainsi Racine et les figures de Titus et Bérénice.
Eric Demey
à 19h et le 20 à 15h. Tel : 01 71 27 97 17. Durée : 1h20. Spectacle vu à la Factory à Avignon en 2025.
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