Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff inventent une nouvelle variation sur leurs thèmes et univers de prédilection sans parvenir à éviter les écueils d’un exercice de style formel et mécanique.
Tabourets de skaï rouge, bidons et bassines en plastique, papiers peints kitch, piste de lino, accessoires électroménagers et tenues criardes : le décor et l’ambiance de Salle des fêtes portent l’empreinte si caractéristique du style de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff. L’attention accordée aux détails incongrus et drôles fait comme d’habitude mouche pour engendrer ce léger décalage propice au rire que savent si efficacement créer les deux complices depuis qu’ils travaillent ensemble. Dans ce dernier opus, le décor est celui d’un bar doté d’une estrade où les musiciens viennent répéter les morceaux d’une soirée qui promet d’être inoubliable. La dame de la direction, survoltée et trépidante, se perd entre les comptes interminables, les litres de vin à mesurer, les portes qui claquent et les grognements du molosse qu’elle tient en respect sous son comptoir. En fond de scène, derrière un rideau de plastique, un chantier pollue la répétition et les préparatifs de ses fumées et de ses nuisances sonores.
Une pyrotechnie sans âme
Comme toujours chez Deschamps et Makeïeff, les chorégraphies sont soignées, les acteurs fascinants de souplesse, d’à propos dramatique, d’expressivité et de justesse scénique. Comme toujours, les musiques sont choisies avec soin et réveillent les émotions sentimentales de l’inconscient collectif. Comme toujours, les clowns sont à la fois joyeux et désespérés et leurs prestations provoquent un rire franc en même temps qu’un pincement au cœur. Pourtant, malgré toutes ces qualités techniques indéniables et une virtuosité artistique remarquablement maîtrisée, Salle des fêtes peine à transformer le brio en émotion. Le savoir-faire de la troupe occulte en partie l’indigence du récit, pas assez cependant pour éviter l’ennui que provoque cette pyrotechnie sans âme. Manque aux voltigeurs de ce spectacle le sol de leur chute et de la normalité dont ils s’affranchissent. Dès lors, l’absurde et le drame se diluent dans le formalisme de la grimace et du grimage qui ne suffisent pas à faire naître l’émotion et l’empathie.
Salle des fêtes, un spectacle de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff. Du 15 avril au 16 mai 2009. Du mardi au samedi à 20h30 ; le dimanche à 15h. Relâche le lundi ainsi que le 1er et le 10 mai. Théâtre National de Chaillot, 1, place du Trocadéro, 75116 Paris. Réservations au 01 53 65 30 00.