Face à face d’Ingmar Bergman (texte français de Lucie Albertini et Carl Gustaf Bjurström) / adaptation et mes Léonard Matton
Bergman explore un de ses thèmes de [...]
Sept femmes partent à l’assaut du système patriarcal. C’est Saison Sèche, de la metteuse en scène Phia Ménard, l’un des spectacles ayant fait sensation au dernier Festival d’Avignon. Du grand théâtre : chorégraphique, organique, métaphorique, politique.
Ce seront les seuls mots de la représentation. Ils sont prononcés par Phia Ménard au pied du plateau, un instant avant l’ouverture du rideau. Sans le moindre commentaire. De façon brute, nette, détachée : « Je te claque la chatte. ». Chargé de toutes les oppressions et agressions auxquelles doivent faire face les femmes, au quotidien, dans notre société machiste, ce verbatim retentit comme une déflagration. Dans un même élan, les six tableaux de Saison Sèche vont venir faire exploser – en un peu plus d’une heure – les cadres et les normes du système patriarcal. Métaphorique et organique, loin de toute pesanteur intellectuelle ou didactique, le théâtre de Phia Ménard fait appel à nos sens, nos émotions, notre conscience, à notre faculté de ressentir, de penser, d’imaginer. Cet art profondément personnel met ici en jeu sept interprètes féminines. Tout d’abord enfermées dans un espace immaculé dont le volume varie selon les déplacements de son plafond, ces femmes vont peu à peu réussir à se libérer du joug des hommes qui régissaient jusque-là leur existence.
Une révolution féministe
Cette émancipation passe par un maëlstrom d’ébranlements, de tensions, de chocs, d’obstructions, de chutes, de bariolages, de vrombissements, de débordements, de déchirures… Un ordre coercitif cède. Il laisse la place à un chaos éruptif, un cataclysme en mouvement. Phia Ménard ne cherche jamais à résoudre les sujets dont elle s’empare à travers une quelconque forme d’harmonie ou d’apaisement. Issu des tréfonds de l’être, sont art se nourrit de toutes les colères et tous les engagements qui font de ses spectacles des œuvres profondément politiques. Les sept comédiennes-danseuses de Saison Sèche se réapproprient donc leur corps, leur environnement, tout simplement leur vie. Cette révolution féministe est d’une force incroyable. On se sent transpercés par les vagues successives d’images, d’impulsions, de sensations qui nous parviennent. Phia Ménard brouille une nouvelle fois les frontières des disciplines pour inventer un langage qui lui est propre. Après P.P.P., Vortex, Belle d’Hier, Les Os noirs…, elle signe l’une de ses créations les plus abouties. Et s’impose comme l’une des artistes majeures de la scène contemporaine.
Manuel Piolat Soleymat
En partenariat avec le Théâtre de la Ville. Les 10 et 11 janvier 2019 à 20h, le 12 janvier à 18h, le 13 janvier à 16h. Durée de la représentation : 1h10. Spectacle vu le 18 juillet 2018 au Festival d’Avignon. Tél. : 01 41 60 72 72. www.mc93.com
Egalement les 17 et 18 janvier 2019 à la Scène nationale d’Orléans, le 5 février à L’Hippodrome de Douai, les 13 et 14 février à la Comédie de Valence, du 28 février au 2 mars au Théâtre national de Marseille, le 7 mars au Théâtre des Quatre Saisons à Gradignan, les 13 et 14 mars au Grand T à Nantes, du 20 au 29 mars au Théâtre national de Bretagne, le 4 mai à la Scène nationale de Mulhouse.
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