Festival des écoles du théâtre public
Spectacles de fin d’études dirigés par des [...]
La Paperie mène un projet original avec la compagnie bordelaise Opéra Pagaï, où l’art vivant se fabrique avec les habitants sur le territoire.
« On infuse plus qu’on diffuse » lance avec un brin de malice Eric Aubry, directeur de la Paperie. « Plutôt que de parachuter des spectacles ici et là ou de remplir une salle comme un conteneur, on préfère mener, dans la durée, une action qui implique les gens dans l’œuvre en train de se créer sur le territoire. ». Centre national des arts de la rue situé près d’Angers, la Paperie se veut un lieu d’expérimentation et défriche les champs disciplinaires à rebours des sillons consuméristes qui ont fini par creuser bien des ornières… Appliquant sa philosophie sans apprêt mais généreusement, cet espace de création accueille des artistes pour des aventures à partager avec les gens. « Le chemin est plus important finalement que la destination. On prend le temps de contextualiser l’œuvre dans son environnement. La présence au long cours des artistes sur le territoire permet une vraie rencontre avec les habitants car on travaille ensemble. » C’est justement la richesse du cheminement que la Paperie retrace en demandant au dessinateur Fred Bernard de suivre le processus de préparation de Safari intime, dont Opéra Pagaï imagine une version pour Chalonnes-sur-Loire.
Faire ensemble
La compagnie bordelaise développe en effet un théâtre in situ qui se glisse dans le réel pour mieux le subvertir et conçoit ce projet avec les Chalonnais. « Nous puisons notre matière dans la vie même, en utilisant certaines des conventions du théâtre mais pas forcément ses artifices. Nous semons ainsi un trouble entre la fiction et le réel, explique Cyril Jaubert, metteur en scène. Nous partons de la réalité géographique, humaine et architecturale de Chalonnes-sur-Loire. Nous sommes venus voici quelques mois pour repérer les lieux, définir un parcours dans la ville. Nous avons ensuite frappé aux portes pour demander aux gens s’ils acceptaient d’ouvrir leur maison pour accueillir des scènes de ce Safari intime. » Dans ce spectacle déambulatoire, les spectateurs sont invités à regarder par les fenêtres pour découvrir ce qui se trame à huis clos… « Parallèlement, nous avons rencontré des volontaires, comédiens amateurs ou pas, qui souhaitent jouer. Puis, une fois le décor naturel et les interprètes choisis, nous avons imaginé ce qui se passe dans ces intérieurs et écrit les séquences pour une soixantaine de rôles. Enfin, nous répéterons quelques jours avant les représentations. » Tel processus, forcément émaillé de belles anecdotes, repose sur les contacts humains et prend tout son sens dans l’échange. « J’ai accompagné l’équipe d’Opéra Pagaï sur le terrain, beaucoup observé. Il y a des gens qui offrent le café et ceux qui ferment les volets, se souvient Fred Bernard. J’ai croqué des situations sur le vif. La BD remontera le temps, depuis l’expérience du spectacle jusqu’à sa conception, pour raconter comment ça se fabrique. ». De l’espace public jusqu’au cœur de l’intime…
Gwénola David
Spectacles de fin d’études dirigés par des [...]