BOBBY FISCHER VIT A PASADENA
Le comédien Philippe Baronnet signe sa [...]
Omar Porras transpose Roméo et Juliette au Pays du soleil levant. Le metteur en scène d’origine chilienne (installé à Genève) croise langues et influences artistiques dans un spectacle d’une grande vivacité. Une réussite.
Il y a quelque chose de très corporel dans le théâtre d’Omar Porras. Quelque chose qui puise dans les mouvements, la gestuelle, le rythme des comédiens pour nourrir la représentation et en faire une façon de ballet. Un ballet des plus personnels – onirique, ludique – qui n’hésite jamais à donner dans la cocasserie et assume une théâtralité de chaque instant. Tout est musiques, images, chorégraphies dans la version de Roméo et Juliette que présente aujourd’hui le directeur de la compagnie genevoise Teatro Malandro au Théâtre 71, à Malakoff. Créée en collaboration avec la compagnie nippone SPAC (Shizuoka Performing Arts Center ; huit des onze acteurs sont japonais, trois sont francophones), cette proposition à la croisée des influences occidentales et extrême-orientales mêle les langues des deux collectifs (le spectacle est surtitré en français) pour nous faire voyager jusqu’à un Japon ancestral. Un Japon dans lequel une Juliette Capulet (Micari) tombe amoureuse d’un Roméo Montaigu (incarné par la comédienne Miyuki Yamamoto), amour qui les mènera tous deux, nous le savons, à la mort.
Un grand spectacle populaire, en japonais et en français
Resserrée autour de ses repères essentiels, la tragédie de William Shakespeare prend ici des airs de fantaisie burlesque, avant de se diriger vers une noirceur pleine de délicatesse. Tout cela est très libre. Inventif. Enjoué. Précis. D’une grande fluidité. Au gré des belles images que déploie la scénographie d’Omar Porras (le metteur en scène signe également l’adaptation du texte), Micari et Miyuki Yamamoto imposent la pureté et l’évidence du couple de légende qu’elles interprètent. Au centre de la représentation, les deux jeunes comédiennes apparaissent comme deux êtres gémellaires, l’un féminin, l’autre masculin – renvoyant aux deux faces complémentaires d’une même vérité humaine. Leur grâce est saisissante. Et le reste de la distribution se révèle à leur mesure. Chacun à sa place, dans son rôle, donne corps avec beaucoup d’efficacité au « melting-pot artistique insolite » qu’a souhaité élaborer Omar Porras. Entre fantasmagorie et acuité scénique, c’est un grand spectacle populaire qui s’offre à nos yeux. A nos oreilles. A notre imaginaire.
Manuel Piolat Soleymat
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