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Tragédie politique tout autant que réflexion sur le pouvoir, Richard II mis en scène par Christophe Rauck fait briller le texte de William Shakespeare et étinceler Micha Lescot.
Tout est né du désir de Micha Lescot d’interpréter le rôle de Richard II, roi tyrannique et faible à la fois, dont la tragédie shakespearienne retrace l’inéluctable chute à travers trahisons et complots. Histoire d’une déchéance du pouvoir que Christophe Rauck a royalement distribuée. Micha Lescot, donc, dans le rôle-titre, et aussi, notamment, Thierry Bosc, Emmanuel Noblet et Cécile Garcia-Fogel, autour de lui. Des fidèles du metteur en scène récemment passé à la tête du théâtre Nanterre Amandiers, qui n’aime rien tant que de se mettre au service des textes sans chercher à exhiber son geste de mise en scène. Il avait déjà traversé Comme il vous plaira de l’auteur élisabéthain, dans une scénographie qui jouait souvent à l’horizontale, via un plancher microté. Christophe Rauck reprend par endroits cette astuce dans Richard II, mais sa mise en scène s’articule cette fois autour de larges et lourds gradins mobiles, qui figurent tantôt des espaces de délibération, tantôt des châteaux assiégés, ou découpent encore par endroits de larges plaines livrées aux batailles fratricides. Richard II n’est pas une pièce souvent montée. Peut-être parce que les intrigues politiques y sont complexes. Il faut accepter de s’y perdre sachant qu’on finira tôt ou tard par s’y retrouver. Références historiques et renversements d’alliance ne facilitent pas la tâche et la première partie du spectacle de Christophe Rauck pâtit de cette action dont le spectateur peine à démêler les ressorts.
La superbe d’un roi déchu
La deuxième partie gagne en simplicité en en couleurs. Sa défaite est vite acquise, il ne reste plus à Richard qu’à se démettre. Et Micha Lescot, dans la chute de son personnage, resplendit de nuances, de ruptures, d’orgueil et de mélancolie. Son costume blanc tranche dans l’atmosphère de fin de règne tout en pénombre et son inventivité de jeu de magnétique dégingandé rend véritablement palpables, charnelles, la grandeur et la misère de Richard II. La verve shakespearienne – réflexions sur le pouvoir et sur les vanités de l’existence – y retrouve alors son éclat, comme les fameuses ruptures de ton qui font toute la saveur du baroque élisabéthain – passages par le burlesque, la parodie… Moins monolithique, avec projections vidéo, masques ou détonation assourdissante à l’appui, la mise en scène, dont on ne saisit pas toujours les ressorts, pique la curiosité. Elle préserve surtout la limpidité de l’interprétation, la beauté du texte et la superbe d’un roi déchu qui nourrissent le plaisir du spectateur.
Eric Demey
du mardi au vendredi à 10h30, le samedi à 18h, le dimanche à 15h. Tel : 01 46 14 70 00. Spectacle vu au Festival d’Avignon 2022. Durée : 3h15 entracte compris.
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