« Une Echappée » de Julie Nioche
Comment échapper à l’ordre des choses ? Julie [...]
Pour sa dernière création à la tête du CCN de Caen en Normandie, Alban Richard reprend les mots et les affects des laissés-pour-compte de Los Angeles et chorégraphie un quatuor de corps chantants.
Pour sa toute dernière création à la tête du Centre Chorégraphique National de Caen – il sera remplacé dès ce mois de janvier par François Chaignaud –, Alban Richard s’intéresse à la forme du quatuor. Mais un quatuor particulier puisqu’il s’agit là d’agréger quatre solistes, quatre corps chantants déroulant chacun leur partition. Sur le mode rhapsodique, le chorégraphe accompagné à la musique par Simo Cell juxtapose, enchevêtre des boucles de paroles et de mouvements à la manière d’un D.J. Pour ce faire, il s’est plongé dans le projet Soft White Underbelly que mène Marka Laita, donnant la parole aux oubliés de Los Angeles (personnes droguées, sdf, travailleurs du sexe…). Reprenant certains de leurs dires comme la multiplicité des états et émotions qu’ils traversent lors de ces entretiens, Alban Richard en fait la matière d’une pièce techno et expérimentale où se déploie notre Ultramoderne solitude.
Une expérimentation musicale
Trois danseuses et un danseur aux costumes sportifs et bariolés prennent possession d’un plateau totalement nu. D’abord postés derrière quatre pupitres, ils égrènent leurs mantras face à leurs congénères. « Acting is reacting », « I don’t know », « You know what I mean », « To love is to suffer », « You’re so hot », « Don’t judge a book by its cover ». Autant de phrases qui répétées, hachées, reprises, hoquetées, scratchées, samplées, deviennent rythme, mélodie, refrain, tandis que, pupitres remisés, nos interprètes naviguent sur l’ensemble de la scène dans un chaos organisé. Il et elles marchent, courent, forment des rondes plus ou moins serrées, interpellent leurs semblables et nous nous laissons séduire et emporter par leurs performances vocales. Il et elles accélèrent, grimacent, se tordent, portés par une certaine urgence, s’affaissent, se disloquent en même temps que leurs élocutions. Avant de retrouver une harmonie finale qui marque la fin de ce voyage au pays du jaillissement des voix et des affects.
Delphine Baffour
Le 22 janvier à 21h, le 23 à 19h30.
Tél. 01 41 33 93 70. Dans le cadre du festival Faits d’Hiver.
Spectacle vu au Théâtre des Cordes, Comédie de Caen.
Également le 17 juin à la Cité Musicale de Metz.
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