« Visages de la danse » #7 : en mars 2024, notre hors-série revient !
Nous le préparons déjà ! Notre hors-série [...]
Nadia Beugré offre un moment de bruit et de fureur queer porté joyeusement par cinq personnes de la communauté transgenre, rencontrées entre Abidjan, Montpellier et Bruxelles.
La scène pourrait se dérouler dans la moiteur d’une nuit de la capitale ivoirienne. La musique crache son rythme effréné, au micro les paroles fusent, et déjà chacune vient invectiver à sa manière le public. Elles se nomment Beyoncé, Canel, Jhaya, Acauã, Taylor Dear, Kevin, nous parlent en français mâtiné de nouchi, dansent en coupé-décalé mêlé de voguing, et rejouent les délires qui les animent lorsque, la nuit venue, les masques peuvent tomber. C’est puissant, drôle, presque baroque, et elles s’en donnent à cœur joie, hors des cadres du convenu et du convenable ! Car Nadia Beugré a voulu avant tout créer un espace pour elles, précieux et préservé, pour que s’arrête l’hypocrisie sociale qui les empêche de vivre leur existence. Mais dans cette « carte blanche » où s’expriment leurs singularités et leurs personnalités, où les « folles » – comme on les appelle là-bas – mettent au jour leur existence queer, la chorégraphe a su rendre par petites touches une part d’elles-mêmes plus subtile et sensible.
Briser le mur
Quand le Boléro de Ravel vient calmer le jeu, on accède à plus d’intimité, dans le refuge qu’elles cherchent sur leurs chaises blanches en plastique. Elles tissent peu à peu une scénographie où le cheveu, la tresse, la perruque, les ramènent à leur histoire. Puis dans ce flot incessant d’érotisation du corps, où la fesse tient un rôle central sans rien cacher de ses recoins intimes, surviennent quelques paroles qui dévoilent d’autres réalités : le rapport au père, la vie en prison… Il faut alors attraper au vol ces parenthèses sensibles pour aller au bout de ce qu’elles sont venues nous montrer, briser le mur, travailler le regard, la considération, entrer dans le vif du sujet passé l’amusement et la grivoiserie.
Nathalie Yokel
à 20h.
Centre Pompidou, place Georges Pompidou, 75004 Paris. Du 30 novembre au 3 décembre 2023 à 20h, le dimanche à 16h.
Tél. : 01 53 45 17 17. Spectacle vu au Festival Montpellier Danse
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