La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2016 - Entretien / Serge Barbuscia

PompierS

PompierS - Critique sortie Avignon / 2016 Avignon Avignon Off. Théâtre du balcon
Crédit photo : Gilbert Scotti

Théâtre du Balcon / de Jean-Benoît Patricot / mes Serge Barbuscia

Publié le 26 juin 2016 - N° 245

Serge Barbuscia met en scène PompierS, la première pièce de Jean-Benoît Patricot, dont l’écriture au scalpel s’accommode à merveille d’une direction d’acteurs au cordeau, qui installe des vérités nues sur un plateau nu.

« Ce qui m’intéresse, au fond, c’est ce qui va m’échapper ! »

Que raconte cette pièce ?

Serge Barbuscia : C’est une histoire compliquée, inspirée d’un fait divers. Elle raconte la relation complexe entre une fille, handicapée mentale à 80%, et l’homme dont elle tombe amoureuse et qui en profite. Cet homme est pompier : un héros aux yeux de tous. Comment cet homme en arrive-t-il à profiter d’une personne qui n’a pas toutes ses capacités, à le faire dans sa caserne, et à en faire profiter ses camarades ? Comment prendre tant de risques s’il n’y a avait pas, derrière cette histoire terrible, un amour troublé, dénaturé ? Y a-t-il une autre facette derrière l’uniforme, celui-ci n’enferme-t-il pas trop et n’entraîne-t-il pas l’explosion de ce qu’il corsète ? Cet homme n’est ni un pervers ni un violeur d’un soir : il a une histoire avec cette jeune femme, mais une histoire tordue.

Quel traitement pour un sujet si délicat ?

S. B. : A priori, on se dit qu’il est un salaud et qu’elle une victime, mais ce n’est pas le propos de la pièce. Je veux aller chercher autre chose. Comment cet être qui a tout, qui est beau, admiré, reconnu et aimé, comment cet homme peut prendre le risque de perdre tout ça pour une aventure qui n’est pas à la hauteur de sa corporation ? En tant qu’homme de théâtre, je ne suis pas juge. Je ne peux pas juger ces personnages, je dois les comprendre. Mais je ne peux pas non plus reproduire une fiction qui serait comme un documentaire. Ce qui m’intéresse, au fond, c’est ce qui va m’échapper ! C’est une pièce merveilleusement écrite, qui questionne chacun de nous. On en sort très troublé. Et elle est surtout interprétée par deux merveilleux comédiens. William Mesguich offre cette vision que je voulais du gendre idéal, du pompier idéal à qui on donnerait sa fille sans problème. Quant à Camille Carraz, magnifique comédienne, elle est aussi à l’origine du projet. C’est avec elle que j’ai fait la première lecture du texte et il est apparu d’emblée évident qu’elle avait quelque chose à dire avec ce personnage.

Vous intervenez aussi dans le cadre du festival In et du cycle Musique Sacrée en Avignon.

S. B. : Je reprends J’ai soif, spectacle où se rencontrent (ou ne se rencontrent pas !) Les Sept Dernières Paroles du Christ en croix de Haydn et le témoignage de Primo Levi à Auschwitz. Je l’avais créé d’abord avec un piano, je viens de le jouer en Corée du Sud avec un quatuor à cordes, et là, ce sera avec deux orgues. C’est un spectacle extrêmement fort, qui bouleverse les spectateurs qui en témoignent à chaque fois, et qui touche à l’universel.

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

PompierS
du mercredi 6 juillet 2016 au samedi 30 juillet 2016
Avignon Off. Théâtre du balcon
38 Rue Guillaume Puy, 84000 Avignon, France

à 17h ; relâche les 11, 18 et 25 juillet. Tél. : 04 90 85 00 80. Dans le cadre du festival In et du cycle Musique Sacrée en Avignon, les 20 et 21 juillet à 18h, à la basilique métropolitaine Notre-Dame-des-Doms, J’ai soif. Tél. : 04 90 14 14 14. Le 13 juillet à 10h30, à la Collection Lambert, lecture de Solenna, de Jean-Benoît Patricot. Tél. : 04 90 85 00 80.

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