« Solstice », le festival de rue de l’Azimut, bondissant et déjanté
L’Azimut fait son festival de rue en deux [...]
À la Comédie-Française, Sophie Bricaire adapte le Pinocchio de Collodi aux questionnements d’aujourd’hui sur l’éducation des enfants. Un spectacle familial qui parle aux parents comme aux enfants et ados.
Pinocchio, son nez qui s’allonge, son vieux Gepetto et sa (mauvaise) conscience à tête de criquet rendu célèbre par Walt Disney, on connaît. Le pantin de bois, le champ des miracles, le pays des jouets, les enfants qui se transforment en ânes et les retrouvailles dans le ventre d’une baleine, on en a tous souvenir. C’est d’ailleurs ainsi que commence la version proposée par Sophie Bricaire : par se demander à qui appartient cette histoire maintenant. Car si le roman feuilletonné de Carlo Collodi porte en sa version originelle la cruauté moralisatrice de son époque, l’adaptation de la jeune metteuse en scène la transforme quelque peu pour en faire avec justesse une variation sur la construction de soi, les rapports parents-enfants et la liberté qu’il faut bien donner aux êtres en devenir si l’on veut vraiment qu’ils se construisent d’eux-mêmes, autant que possible.
Un être à part entière
Interprété par Claïna Cavaron, Pinocchio est donc une fille pantin sans fils mais avec une clé dans le dos pour l’actionner. Et plus qu’un enfant, elle fait penser à une ado qui n’arrive pas à se corriger, qui renouvelle ses bêtises un bon nombre de fois dans un monde où l’argent clignote à chaque coin de rue et la promesse du plaisir immédiat et sans limite empêche de penser plus loin que le bout de son nez (où pointe maintenant bien souvent un écran). Pour autant, avec ses 5 interprètes, le Pinocchio créature reprend les éléments principaux de la trame mouvementée de la vie de Pinocchio. Mais Sophie Bricaire les a passés à la moulinette de ses réflexions sur la célébrissime histoire. Certains épisodes sont ainsi racontés plutôt que représentés et la scénographie en forme de cadre en bois d’où pendent des éléments du récit – tête de renard, pièces d’or, enseigne de l’auberge de l’écrevisse… – tel un théâtre à vue dont on tire les fils, voit entre autres passer Mangefeu, le montreur de marionnettes, Le Chat et le Renard, La Fée aux cheveux turquoise, que se partagent Elissa Alloula, Françoise Gillard et Thierry Godard. Alain Lenglet, de son côté, en Gepetto, abandonne petit à petit le projet d’être le maître de l’histoire de son pantin. D’une créature peut ainsi naître un être à part entière. Et d’un récit feuilletonnesque et mouvementé, un spectacle peut-être un peu bavard pour les petits mais qui donne à une histoire maintes fois convoquée une lumière nouvelle, pleine de nuances et de reflets.
Eric Demey
à 18h30, relâche les lundis et mardis. Tel : 01 44 58 98 41. Durée : 1h10.
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