La Terrasse

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Théâtre - Entretien

Pauvreté, Richesse, Homme et Bête

Pauvreté, Richesse, Homme et Bête - Critique sortie Théâtre Gennevilliers T2G
Pascal Kirsch CR : DR

T2G / texte de Hans Henny Jahnn / Mes Pascal Kirsch

Publié le 24 janvier 2018 - N° 262

Avec Pauvreté, Richesse, Homme et Bête, Pascal Kirsch offre l’occasion de découvrir Hans Henny Jahnn, auteur allemand de la première moitié du XXème siècle, qu’il dit avoir la puissance d’un Shakespeare.

Qui est Hans Henny Jahnn ?

Pascal Kirsch : C’est un auteur allemand de la première moitié du XXème siècle, très confidentiel en France, beaucoup moins en Allemagne, où il a été monté par Brecht entre autres. Pacifiste de conviction, il s’est exilé en Norvège pendant la première guerre mondiale, puis est reparti au Danemark pour fuir le nazisme. Les premières traductions de ses textes en France remontent aux années 90, et parmi celles-ci, il y a Pauvreté, Richesse, Homme et Bête, qui est pour moi un véritable diamant noir.

Pourquoi un diamant noir ?

P.K. : Parce que dans cette pièce se concentrent tous les thèmes récurrents de son œuvre, servis par son écriture minérale et rugueuse, et parce qu’on y trouve la noirceur d’un Richard III ou d’un Macbeth. L’histoire est inspirée d’un conte des frères Grimm et mêle une dimension fantastique à un grand réalisme. C’est une histoire d’amour passionnel entre paysans dans un monde très reculé, une sorte de Western du grand Nord. L’action se passe sur une île en Norvège, dans un univers hors les lois, où cohabitent trolls, esprits, animaux et humains.

Quelles furent les inspirations de cet auteur ?

P.K. : Hans Henny Jahn dans ses écrits s’est gardé de les évoquer. On retrouve dans la pièce la violence et la grâce de Woyczek de Büchner, Kleist n’est jamais loin, tout comme la dimension initiatique d’un Peer Gynt. Mais surtout, pour moi, cette pièce m’évoque Shakespeare par sa puissance, avec l’avantage qu’à la différence des pièces de Shakespeare on ne connaît pas la fin de l’histoire.

« C’est une histoire d’amour passionnel entre paysans dans un monde très reculé, une sorte de Western du grand Nord. »

De quelle manière ce texte s’inscrit-il dans votre propre trajectoire artistique ?

P.K. : Il existe une réelle articulation avec Princesse Malène de Maeterlinck, que j’ai présenté à Avignon cet été. C’est dans les deux cas un conte des frères Grimm qui est à l’origine de l’histoire. On trouve aussi dans ces textes une langue folle, irréaliste et en même temps extrêmement concrète. Les personnages y ont une dimension déraisonnable portée par la passion, qui dessine un destin féminin tragique. Et chacune de ces pièces, enfin, montre que nous participons nous-mêmes de notre malheur.

Dans quelles circonstances avez-vous choisi de monter ce texte ?

P.K. : Nous avons créé la pièce il y a deux ans au studio de Vitry, quand Daniel Jeanneteau en était le directeur, et il a eu envie de nous inviter à la montrer au T2G. Nous l’avons créée dans une économie simple en lien avec la dimension de conte du texte. Le plus important est de raconter, même si nous tentons aussi de représenter l’irreprésentable des montagnes de Norvège. Pour cela, on amène les spectateurs à visiter le paysage avant que la pièce ne commence, afin qu’ils puissent eux-mêmes en reconstituer le chemin.

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Pauvreté, Richesse, Homme et Bête
du jeudi 8 février 2018 au lundi 12 février 2018
T2G
41 Avenue des Grésillons, 92230 Gennevilliers

à 20h, le samedi à 18h, dimanche à 16h. Tel : 01 41 32 26 10.

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