La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2023 - Entretien

« Passons à autre chose » : Bernadette Gruson met en jeu une prise de conscience des cadres qui oppressent l’individu afin de s’en défaire

« Passons à autre chose » : Bernadette Gruson met en jeu une prise de conscience des cadres qui oppressent l’individu afin de s’en défaire - Critique sortie Avignon / 2023 Avignon Avignon Off. Théâtre Artéphile
© Marie Clémence David La metteure en scène Bernadette Gruson

Artéphile / écriture et mise en scène Bernadette Gruson

Publié le 13 juin 2023 - N° 312

Dans son travail, Bernadette Gruson met en jeu une prise de conscience des cadres qui oppressent l’individu afin de s’en défaire, avec en ligne de mire la domination masculine. Passons à autre chose, dit le titre…

Comment en êtes-vous arrivée à traiter des enjeux de la domination masculine ?

Bernadette Gruson : Dès mon premier solo en 2006 la question de l’oppression et de la domination masculine a été centrale. En faire le sujet de mes créations est une nécessité, je n’ai ni réponse ni solution, mais  je partage des questions. Interroger ce que les normes, les hiérarchies, les injonctions induisent dans notre relation à soi et aux autres a toujours été là, depuis que je suis enfant. Je souhaite écrire au présent, ouvrir un champ de possibles désirables parce que désirés, par soi, par choix, et non par ignorance, ou par peur. Mon travail laisse voir ce qu’il faut de force et de vulnérabilité pour être soi, pour transgresser l’ordre des choses. Derrière les « c’est comme ça, arrête avec tes questions », il s’agit de voir les schémas, les représentations, les constructions de l’enfance, de l’éducation, de la culture, de la religion, de la société, cet échafaudage qu’on nous vend comme une structure immuable. Et se demander si on y consent ou pas.

« Je souhaite écrire au présent, ouvrir un champ de possibles désirables parce que désirés, par soi, par choix. »

Passons à autre chose donne la parole à un homme. Que souhaitez-vous exprimer à travers cette prise de parole masculine ?

B.G. : En 2018, en plein mouvement Me too, j’écris et joue le solo Quelque chose (à te dire) qui retrace deux millions d’années de sexe et d’amour du point de vue des femmes. Je voulais que le public éprouve à quel point les normes n’évoluent pas au fur et à mesure que l’humanité croît, mais se transmettent de génération en génération. Et depuis, ce qui me manque c’est la parole des hommes. Sortir de la reproduction du système de domination et d’oppression ne peut pas être l’affaire des marges. C’est l’affaire de l’humanité. C’est une question d’équipe. Nous jouons ensemble dans un jeu aux règles inégalitaires. L’intention de ce spectacle est de renverser nos points de vue pour voir autrement l’impact du système en nous. Pour réussir à faire charnière, il me fallait un réel complice, l’acteur Jeremy Dubois Malkhior, dans un jeu léger et drôle, fait entendre une voix qui s’affranchit de l’hégémonique virilité.

De quelle manière avez-vous travaillé ?

B.G. : J’ai d’abord écrit sans lui, afin de décider où je me posais avec mes propres fragments intimes et quelques phrases incisives, et où inviter Jeremy à prendre sa propre place. Nous avons beaucoup parlé, beaucoup ri, même si parfois c’était vraiment juste à pleurer. Cette création a permis des échanges d’une incroyable sincérité. J’espère que ce sera pareil avec le public.

 

Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement

Passons à autre chose
du vendredi 7 juillet 2023 au mercredi 26 juillet 2023
Avignon Off. Théâtre Artéphile
7 Rue BourgNeuf, 84000 Avignon

à 15h35, relâche les 13 et 20. Tél : 04 90 03 01 90.

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