OVTR (On va tout rendre) de Gaëlle Bourges

À l’origine d’OVTR, comme toujours avec Gaëlle Bourges, il y a une œuvre d’art. Monumentale cette fois puisqu’il s’agit de l’Érechthéion, l’un des temples érigés sur l’acropole d’Athènes, célèbre pour les six caryatides qui portent son entablement. En plongeant dans son histoire, on découvre lord Elgin, qui alors qu’il était ambassadeur britannique à Constantinople, préleva l’une de ces statues, comme de très nombreuses œuvres du Parthénon, pour agrémenter sa demeure écossaise. En plongeant dans celle de la chorégraphe, c’est le souvenir d’une carte postale reçue de Grèce à 15 ans et d’un chagrin d’amour qui refont surface.

Six caryatides, un lord chanteur et un musicien

 Mêlant vécu intime et incroyable feuilleton d’une spoliation artistique qui perdure encore aujourd’hui au sein même de l’Europe – la fameuse statue peut toujours être admirée au British Museum de Londres malgré des demandes répétées pour la rapatrier – Gaëlle Bourges nous donne à voir six caryatides qui se meuvent au ralenti, portant le poids de l’histoire, à entendre la correspondance de Lord Elgin par la voix de Gaspard Delanoë qui l’incarne au plateau, à redécouvrir Les Beatles ou David Bowie mixés par Stéphane Monteiro sous le prisme de la domination culturelle britannique. Un récit passionnant et actuel au moment où le Parlement français a eu à se prononcer sur la restitution de biens culturels africains et alors que Neil MacGregor, directeur du British Museum jusqu’en 2015, déclarait il y a quelques années avec une condescendance rare : « À Athènes le musée s’occupe de l’histoire locale, le British Museum s’occupe de l’histoire mondiale ».

Delphine Baffour