La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Oblomov

Oblomov - Critique sortie Théâtre Paris Comedie française-Théâtre du Vieux-Colombier
Crédit photo : Brigitte Enguérand Légende photo : Olga (Marie-Sophie Ferdane) réveille le cœur d’Oblomov (Guillaume Gallienne)

Théâtre du Vieux-Colombier
D’après Gontcharov / adaptation et mise en scène Volodia Serre


Publié le 2 juin 2013 - N° 210

Guillaume Gallienne se mesure au rôle complexe d’un barine oisif qui raille la logique productiviste et s’envole dans ses rêves. 

Lové au creux des songes que lui susurre son tendre divan, Oblomov, propriétaire terrien pétersbourgeois, s’enfonce chaque jour un peu plus dans le moelleux de la paresse, envahi par la nostalgie d’une enfance insouciante et la quête d’une tranquille retraite. Il y a bien son serviteur Zakhar, fidèle bougon, qui tente de tenir le logis, fort délabré, et de le faire lever pour s’occuper de son domaine à la campagne. Il y a bien son ami Stolz, hyperactif acharné, qui galope en bonne société et espère le sortir de son indécrottable torpeur. Il y a aussi la charmante Olga, qui enflamme son cœur et désarçonne quelque temps son indolente inertie. Rien n’y fait. L’aboulique chronique reste emmailloté dans ses velléités, vague dans ses rêves, renonce avant que de vivre, incapable de s’inscrire dans la modernité, préférant aux émois de la passion la tourte aux champignons… Voilà même que ce barine oisif raille l’activisme affairé de son époque qui s’adonne au capitalisme naissant : « Mais enfin, quoi, le but de toutes vos courses, de vos passions, de vos guerres, de vos commerces et de votre politique n’est-il pas de se construire le repos, n’est-ce donc pas un élan vers cet idéal du paradis perdu ? » 

Résistance passive 

Métaphore de l’apathie russe pour les Bolchéviks, aujourd’hui figure d’une nouvelle sagesse par résistance passive pour les « décroissants », Oblomov, l’antihéros du roman de Gontcharov (1859) fascine toujours. Volodia Serre, qui fréquente depuis quelques années les auteurs russes, le met en scène, voyant à travers ce personnage rétif à la spirale productiviste un questionnement sur l’asservissement au travail et sur la pertinence de notre modèle de développement fondé sur la croissance. La réalisation peine cependant encore et s’essouffle faute de rythme. Telle lecture demande en effet une ligne dramaturgique et une direction d’acteur plus fermes. Guillaume Gallienne, qui se mesure au rôle complexe d’Oblomov, excelle dans la nonchalance ironique doublée d’un trait d’enfance mais ne convainc guère en amoureux embrasé. Tout à sa préciosité étudiée, il en oublie parfois ses camarades de jeu, notamment Marie-Sophie Ferdane (Olga), étriquée dans le registre de belle ingénue, et, Sébastien Pouderoux (Stolz), beau talent mais ici encore taillé d’un seul bloc. Quant à la scénographie mobile de Marc Lainé, assez vilaine, elle fait son intéressante et sert d’illustration agrémentée d’images vidéos. Vivement que le jeune Volodia Serre affirme ses partis pris et son esthétique !

Gwénola David

A propos de l'événement

Oblomov
du mercredi 1 mai 2013 au dimanche 9 juin 2013
Comedie française-Théâtre du Vieux-Colombier
21, rue du Vieux-Colombier, 75006 Paris

Jusqu’au 9 juin 2013, à 20h, sauf mardi à 19h, dimanche à 16h, relâche lundi (horaire exceptionnel le samedi 8 juin à 16h). Tél : 0825 10 1680 (0,15€). Durée : 3h avec entracte
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