La Colline accueille les jeunes membres du collectif d’ores et déjà pour une reprise (Le Père Tralalère) et une création (Notre Terreur), entre crise familiale et crise historique…
Groupe de jeunes acteurs réunis depuis 2002 par la volonté de travailler en commun, la compagnie d’ores et déjà œuvre selon un processus de création très particulier dont le metteur en scène Sylvain Creuzevault explicite ainsi la méthode : « Il n’existe pas de trace écrite de ce que nous accomplissons chaque jour, des recherches et des tentatives des comédiens, des discussions qui, suite aux improvisations, déterminent le point de départ de la séance de travail suivante. Il s’agit d’un processus de répétition par la parole et le plateau au sein duquel les comédiens sont en permanence aux aguets par rapport à un récit qui n’existe pas encore et qui, se construisant peu à peu, va finir par inventer un réel. Ce qui nous intéresse, c’est le mouvement de la répétition, le processus de répétition en soi. ». Le Père Tralalère, création collective reprise en octobre à la Colline, a été construit selon ce procédé dialectique qui va du concret du plateau au recul de l’analyse : « Le fait que le récit s’invente, se constitue au plateau ne veut pas dire que nous ne soyons pas critiques par rapport au plateau. Le plateau nous révèle des choses, mais lors de nos discussions, la pensée prend aussi toute sa place. », remarque Sylvain Creuzevault.
Garder vivant le théâtre
Dans Le Père Tralalère, tout commence avec les noces de Lise et Léo. Tout va bien mais le pire guette et s’insinue de fissure en lézarde. La machine finit par s’emballer, sans pardon ni merci. Autre emballement et série d’embardées vers le pire, ceux de la Terreur. La dernière création du collectif d’ores et déjà interroge la chute de Robespierre, son dernier jour et sa mort. Entre scène primitive où l’horreur et l’épouvantable candeur des assassins servent de forceps à l’Histoire et spectres de l’avenir, le théâtre ausculte l’héritage et la conscience politique de notre époque. Il s’agit avant tout d’interroger les sujets et les gestes, de questionner la forme et le fond en faisant en sorte de « garder vivant » le théâtre, « de le prolonger dans un mouvement qui n’a pas de point d’achèvement, un mouvement permanent qui commence sans public et qui continue avec lui tout au long des représentations. Cette façon de créer est, pour nous, une manière de combattre la notion de produit au théâtre. », dit Sylvain Creuzevault.
(Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat en novembre 2007)
Notre Terreur, création du collectif d’ores et déjà ; mise en scène de Sylvain Creuzevault. Du 16 septembre au 9 octobre 2009. Du mercredi au samedi à 21h ; le mardi à 19h et le dimanche à 16h. Le Père Tralalère, création du collectif d’ores et déjà ; mise en scène de Sylvain Creuzevault. Du 14 au 31 octobre 2009. Du mercredi au samedi à 21h ; le mardi à 19h et le dimanche à 16h. La Colline – Théâtre national, 15, rue Malte-Brun, 75020 Paris. Réservations au 01 44 62 52 52.