Motus Anima
Depuis 2008 et leur duo Ostinato, Claudia [...]
Le Tanztheater de Wuppertal fondé par Pina Bausch s’installe place du Châtelet avec deux chefs-d’œuvre de son répertoire.
Une prairie d’œillets rouges cerne le champ de batailles amoureuses. Des hommes et des femmes bientôt s’y retrouvent et s’ébattent en liberté, laissant échapper par éclats rires complices, folles étreintes et furtives dérobades. Les uns les autres s’adonnent aussi à d’étranges rituels, rondes et jeux coquins, sous la surveillance implacable de quatre bergers allemands tenus en laisse. Jaillissent de-ci de-là les menus actes de l’égoïsme ordinaire, les élans de tendresse inavouée ou les traces des enfantillages d’antan. Someday he’ll come along, the man I love… La chanson de Gershwin se déploie en volutes entêtants tandis qu’un danseur la traduit en langue des signes. Ainsi va la vie, increvable espiègle portée par le souffle des désirs, qui souvent piétine par mégarde les délicats pétales où l’être se cache. Dans Nelken, pièce créée en 1982, Pina Bausch célèbre l’amour envers et contre tout, s’amuse avec les stéréotypes incrustés dans les cœurs et met en scène le désordre des âmes. « Ce qui suit dans le monde extérieur d’apparence son cours normal, le théâtre de Pina Bausch le concentre dans un foyer qui met les contradictions en ébullition. », observe Norbert Servos, qui suivait la Grande dame de Wuppertal depuis ses débuts dans les années 70. « Ce sont des « danses sur le volcan » qui se nourrissent de la réalité en transformant ses énergies concurrentes et contraires. ».
Innocence enfantine
Née dix ans plus tard, la pièce Pour les enfants d’hier, d’aujourd’hui et de demain décachète l’imagination sournoisement ligotée au fil du temps et fait surgir tous les possibles. Courses-poursuites sur chaises à roulettes ou skateboards, solos fulgurants, baisers câlins, roulades entrelacées, séance de château de sable ou confessions désopilantes : les danseurs retrouvent la légèreté des jeux d’enfance et se laissent porter vers le bonheur dans un joyeux chahut. On devine pourtant l’ombre des fêlures creusées au revers des sourires… Taillée à même la personnalité des interprètes, la danse trahit ce que chacun retient sous la conscience : la joie et la peur mêlées d’être au monde, les gestes intimes et autres blessures secrètes. Dans cette fantaisie pagailleuse résonne toujours le cri inextinguible de l’amour…
Gwénola David
Nelken, du 12 au 17 mai 2015, à 20h30 sauf dimanche à 16h. Tél. : 01 40 28 28 40. Théâtre de la Ville 1 place du Châtelet, 75004 Paris. Pour les enfants d’hier, d’aujourd’hui et de demain, du 21 au 30 mai 2015, à 20h30 sauf dimanche à 17h. Tél. : 01 42 74 22 77. A lire : Pina Bausch ou l’art de dresser un poisson rouge, de Norbert Servos, édition L’arche.
Depuis 2008 et leur duo Ostinato, Claudia [...]