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Théâtre - Critique

MOTEL, a drama-comedy-series de Charly Fournier

MOTEL, a drama-comedy-series de Charly Fournier - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre du Petit Saint-Martin
© Christophe Raynaud de Lage MOTEL, a drama-comedy series

Texte et mise en scène Charly Fournier

Publié le 21 février 2020 - N° 285

En hommage aux sitcoms américaines, Charly Fournier rassemble dans son MOTEL, a drama comedy-series une galerie de personnages en marge. Un divertissement finement mené par quatre comédiens experts dans l’art de mêler comique et cruauté.

Sur un écran installé en fond de scène, derrière un décor de chambre d’hôtel dont le kitsch cache mal le côté miteux, quelques phrases façon générique placent MOTEL, a drama-comedy-series dans le contexte choisi par son auteur et metteur en scène Charly Fournier. Nous sommes, lit-on, dans « The lone star state » – autrement dit, dans l’état du Texas – au lendemain des élections présidentielles. L’espoir d’un renouveau porte le pays qui a essuyé toutes sortes de catastrophes sociales et naturelles dont il ne sera plus question par la suite. Du moins pas de manière explicite. Une fois la présentation terminée, la chambre 237 du motel où se déroule l’ensemble de la pièce devient le cœur d’un huis clos divisé en six courts tableaux proches du sketch. Bien que venant de l’extérieur, les seize personnages qui y séjournent sont tous saisis par l’esprit du lieu, qui fait la cohérence de l’ensemble. Malgré son apparence très réaliste, la piaule obéit à des lois extraordinaires, au sens littéral. Nourrie par l’univers des sitcoms américaines, dont Charly Fournier revendique clairement l’influence, elle est le théâtre d’une comédie humaine aux accents burlesques, où la mort joue le premier rôle. Et où tous les sentiments sont exacerbés, jusqu’à l’absurde.

Morts en série

Quatre comédiens – Manika Auxire, Mathilde Charbonneaux, Bastien Chevrot et Stanislas Perrin – prennent en charge les 16 protagonistes de la pièce. À commencer par le gérant d’entreprise qui, après moultes tentatives bien grotesques, finit par réussir son suicide. Et par la femme de chambre chez qui le spectacle du drame provoque une crise de tétanie, puis une démence qui la pousse à tuer sa sœur, elle aussi femme de chambre du motel. Comme si ce dernier était un monde à part entière : celui des désespérés et des inadaptés, qui viennent y liquider leurs derniers espoirs. Cela avec une rapidité digne d’un film de Tarantino, et un humour qui confine souvent à la caricature. Les deux premiers cadavres laissent bientôt place à d’autres : deux nourrissons et leur père, stoppé dans son élan anthropophage par son épouse, puis un agent d’entretien, un couple à la rue qui a enlevé la femme la plus riche et puissante de la région… Autant de paumés que les quatre interprètes de MOTEL, a drama-comedy-series font s’agiter sans un brin de misérabilisme. Avec au contraire l’énergie de petits Sisyphes, qui passent d’une agonie à une autre avec un beau talent de métamorphose. Charly Fournier parvient ainsi à faire de la violence un divertissement. Comme les programmes américains, dont il dit qu’ils « sont à l’image de l’Humanité, condamnés à répéter les mêmes erreurs malgré tous ses livres d’Histoire ».

Anaïs Heluin

A propos de l'événement

MOTEL, a drama-comedy-series de Charly Fournier
du lundi 10 février 2020 au lundi 30 mars 2020
Théâtre du Petit Saint-Martin
17 rue René Boulanger, 75010 Paris

le dimanche à 18h, le lundi à 20h. Tel : 01 42 08 00 32. www.petitstmartin.com

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