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Avignon / 2022 - Entretien / Meng Jinghui
Après La Maison de thé présentée en 2019, le metteur en scène Meng Jinghui revient au Festival d’Avignon avec Le Septième Jour. Adaptation du roman qui a rendu l’écrivain Yu Hua célèbre à l’international, cette pièce offre une troublante exploration de la société chinoise contemporaine.
Votre Maison de thé était une adaptation d’une pièce de Lao She, écrite juste avant la révolution culturelle chinoise (1966-1976). Votre nouvelle création est une adaptation d’un roman contemporain, Le Septième Jour de Yu Hua (2013). Pourquoi avoir choisi de travailler sur un texte récent après une œuvre considérée comme classique en Chine ?
Meng Jinghui : Ce sont là deux grandes œuvres. Les œuvres du répertoire offrent aux artistes plus d’ampleur pour naviguer dans l’imaginaire historique, et leur permettent de se plonger dans la compréhension des vies passées. Les œuvres contemporaines peuvent quant à elles assumer de multiples responsabilités en faisant le lien entre l’histoire passée et l’avenir, en mobilisant des détails, des actions et pensées de personnes bien vivantes, qui permettent de présenter un théâtre à l’image du paysage humain contemporain. Le Septième Jour de Yu Hua est précisément ce genre d’œuvres à la fois sincères et remarquables.
Ce n’est pas la première fois que vous adaptez au théâtre un texte de Yu Hua. En quoi vous intéresse-t-il particulièrement ?
M.J. : J’ai en effet déjà adapté le roman Vivre ! (1993) de Yu Hua, ce dernier étant un auteur très important dans la littérature chinoise contemporaine. Ses œuvres, dont la langue est épurée et pleine d’humour, témoignent de cet état d’esprit avec lequel les grands auteurs chinois d’aujourd’hui affrontent calmement le réel et conduisent une quête de soi, en même temps qu’ils possèdent une profonde empathie à l’égard du monde sensible qui les entoure.
Comment s’expriment cette quête et cette empathie dans Le Septième Jour ?
M.J. : Un homme ordinaire, nommé Yang Fei, se trouve au restaurant lorsqu’il apprend brutalement la mort de son ex-femme en lisant le journal. À cette nouvelle, son corps et ses pensées se figent, ce sur quoi une explosion accidentelle dans le restaurant le conduit lui-même à la mort. Dans le chaos du monde situé entre la vie et la mort, il se met à la recherche de son père lui aussi décédé soudainement. Au cours de sept jours passés dans un épais brouillard s’étendant à perte de vue, il rencontre d’autres disparus : son ex-femme, sa mère dont il se souvient, son voisin, des gens dont il a entendu parler aux informations, et son père. Par une narration centrée sur les sept personnages principaux du roman, je souhaite dépeindre et camper, par fragments et par une progression sur le mode du montage, leurs émotions et leurs conduites, de sorte à mettre au jour la réalité sociale autant que l’état psychologique qui sont ceux de la Chine d’aujourd’hui.
Que dit Le Septième Jour de la société chinoise que vous souhaitez partager avec un public international?
M.J. : Dans ce roman, Yu Hua écrit : « Vas-y donc, là-bas les feuilles des arbres te feront signe, les pierres te souriront, les eaux de la rivière te salueront, là-bas il n’y a ni pauvres ni riches, il n’y a ni chagrin ni douleur, ni haine ni inimitié… là bas tout le monde est égal dans la mort ». Où donc est ce « là-bas » ? – voilà la question à laquelle l’humanité doit collectivement chercher une réponse.
Propos recueillis par Anaïs Heluin, et traduits du chinois par Lucie Morel
à 22h. Relâche le 21. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 1h50.
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