LE RETOUR D’ULYSSE DANS SA PATRIE
Au Théâtre Firmin Gémier - La Piscine, [...]
Le chef letton dirige à Paris ses deux orchestres – le Concertgebouw d’Amsterdam et la Radio bavaroise – en janvier et février.
La comparaison est tentante. En l’espace de trois semaines se succèdent l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam et l’Orchestre de la Radio bavaroise, les deux phalanges dirigées par Mariss Jansons. A l’écart des modes, le chef letton façonne les sonorités sur le long terme, sans renier l’histoire et la personnalité de ses orchestres. D’autant que ces deux formations ont chacune leur propre culture. L’Orchestre du Concertgebouw possède une couleur à la fois ronde et brillante, immédiatement reconnaissable. Cette générosité tient en partie à l’acoustique même de la salle du Concertgebouw, particulièrement enveloppante. La formation fait par ailleurs montre d’une rare souplesse stylistique, pouvant aussi bien jouer Mozart de manière historiquement informée avec Nikolaus Harnoncourt que des œuvres de Varèse avec Riccardo Chailly. Jansons unifie cela en cherchant une profondeur à la fois sonore et musicale. A la Salle Pleyel, il dirigera la phalange hollandaise dans deux chevaux de bataille (Mort et transfiguration de Richard Strauss et la Symphonie n°5 de Tchaïkovski) et une rareté hollandaise de Johan Wagenaar. L’Orchestre de la Radio bavaroise, le meilleur orchestre d’Allemagne avec le Philharmonique de Berlin, se distingue, lui, par l’engagement de ses musiciens et son exceptionnelle cohésion sonore. La recette ? Une alliance subtile entre un son de cordes large et des bois fruités. Après des années de routine sous le mandat de Lorin Maazel, la phalange bavaroise connaît un nouveau souffle avec Mariss Jansons. Au Théâtre des Champs-Elysées, il dirigera les musiciens dans une œuvre dont ils sont a priori peu familiers : la Turangalila-Symphonie de Messiaen, avec, comble du chic, une partie de piano solo tenue par Jean-Yves Thibaudet.
Antoine Pecqueur
Au Théâtre Firmin Gémier - La Piscine, [...]