« Maldonne » de Leila Ka, une ode à la féminité multiple, émancipatrice et résolument juste
Suresnes Cités Danse / Théâtre 71 / Espace 1789 / Chorégraphie Leïla Ka
Publié le 19 décembre 2023 - N° 317
Leila Ka et quatre danseuses proposent une ode à la féminité multiple, émancipatrice et résolument juste. Créée à La Garance, scène nationale de Cavaillon en novembre dernier, cette dernière création l’inscrit définitivement dans la liste des artistes dont le travail réjouit et apaise.
La Garance est en ébullition ce soir de première. Il y a de quoi ! Leila Ka, artiste « complice » de la scène nationale, est sur tous les fronts depuis 2018. Après Pode ser, C’est toi qu’on adore et Se faire la belle, deux solos et un duo, sa première pièce de groupe Maldonne était très attendue. Dans le hall, l’excitation est palpable parmi le public comme les professionnels. Leila Ka suscite une véritable attente, et l’euphorie de la nouveauté. Ce soir-là, c’était donc un peu notre 25 décembre à nous, grands enfants du spectacle vivant. Venons-y donc. 5 femmes sont en rang, en robes à fleurs et têtes baissées. En silence, elles font musique de leurs suppliques, se répondent en expirant leurs complaintes. Sur le plateau qui s’élargit dès la fin de ce premier tableau, leur laissant un espace d’expression bien plus large, la séduction, la charge mentale, le sexe subi et le sexe choisi, la lutte émancipatrice, se montrent, se dansent, avec humour et émotion. On retrouve avec plaisir la patte gestuelle de Leila Ka, sublimée par une pantomime majestueuse. Et les femmes et les filles dans la salle comprennent, une forme de communion invisible se crée, tout en maintenant un propos saisi de tous.
Un brillant hommage aux combats féministes
Les tableaux s’enchainent sur une playlist qui à l’écrit semble insensée, mais forment un ensemble diablement captivant. Après un déchirant playback de Je suis malade de Lara Fabian, les cinq interprètes enchainent sur Leonard Cohen, Vivaldi, Plastikman, puis sur les beats techno de Mathame qui résonneront jusqu’à ce que le public quitte les lieux. Et puis il y a les robes, une trentaine de tous les styles, que les danseuses enfilent tout au long de la pièce, laissant apparaitre autant de femmes que d’habits, élargissant le spectre des figures données à voir et convoquant, plus qu’un groupe de femmes, une véritable communauté. La révolte, la colère et l’injustice se diffusent jusqu’au titre de la création, Maldonne, synonyme d’une partie de cartes mal distribuées. Avec cette pièce, Leila Ka met en scène la sororité dans ce qu’elle a de plus évident, et rend un hommage des plus justes aux combats menés, à ceux qu’il reste à mener. Une pièce artistiquement et symboliquement brillante.
Louise Chevillard
A propos de l'événement
Maldonnedu vendredi 12 janvier 2024 au dimanche 14 janvier 2024
Suresnes Cités Danse
16, place Stalingrad, 92150 Suresnes
Tél : 01 46 97 98 10. Durée : 1h.
Puis en tournée : Malakoff, Théâtre 71 le 19 janvier, Saint-Ouen, l’Espace 1789 les 23 et 24 janvier, Strasbourg, Pôle Sud CDCN le 26 janvier, Brest, Centre Henri Queffelec le 28 janvier, Saint-Brieuc, La Passerelle le 30 janvier, Rennes, le TNB les 1, 2 et 3 février, Machecoul, Espace de Retz le 4 février, La Roche sur Yon, Le Grand R le 6 février.