« M.O.L.I.E.R.E » de la Compagnie Grand Tigre : plongée dans la vie du dramaturge

“Mélimélo Oratoire Librement Inspiré d’Errances dans le Répertoire de l’Éponyme” est l’acronyme de M.O.L.I.E.R.E. Dans la salle de bois chaleureuse du Théâtre de l’Épée de Bois, un néon blanc, trois chaises, un tapis et une table de mixage sont le décor des 51 années (de 1622 à 1673) de vie de l’homme qui, né Jean-Baptiste Poquelin, sera enterré sous le nom de Molière. Irriguée par des répliques phares (ou moins connues) du vaste répertoire de ce dernier, la proposition n’a rien d’une biographie en bonne et due forme. Et pourtant, de digressions en imitations cocasses, les trois comédiens (excellents Etienne Luneau en Molière, Clément Beauvoir et Lucas Henaff interprétant tour à tour les contemporains du dramaturge) parviennent à mettre en scène une vie entière au service du théâtre et de ses transformations.

De la tragédie aux farces, puis aux comédies-ballets

Il faut dire qu’il y a matière à exposer. D’un père tapissier hermétique à toute forme d’art aux comédies-ballets qui feront son succès, Molière parcourt la France, ici dans une course commentée en direct à la manière d’un événement sportif. Sur le ring de sa vie, il se raconte ensuite dans une émission de radio. Anachronismes et dérision servent aux libertés d’écriture qui font de la pièce une formidable épopée, pour un dramaturge omniscient. Lully, Louis XIV, Madeleine Béjart, Chateauneuf… : ses contemporains traversent la pièce et accompagnent Molière dans la création de l’Illustre Théâtre, le scandale du Tartuffe, jusqu’à son décès ironiquement justifié par les nombreuses répliques que Molière eut contre les médecins dans l’ensemble de son œuvre. Dans un « esprit d’humanité » cher à celui qui fête ses 400 ans, la proposition fonctionne à merveille et offre à tous les publics l’occasion de voir sur scène un illustre homme de théâtre.

Louise Chevillard