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Dans Derrière les lignes ennemies, Lucas Samain s’empare d’un motif bien connu : la prise d’otage. Embrassant questions écologiques, réflexion sur le recours à la violence dans les luttes politiques ou encore sur les médias, cette pièce multiplie les pistes passionnantes mais peine à en développer profondément une seule.
Lucas Samain et les cinq interprètes de sa pièce Derrière les lignes ennemies sont trop jeunes pour avoir été témoins directs des mouvements révolutionnaires des années 70-80. Issus à une exception près de l’École du Nord, dont ils sortent en 2018, ces artistes n’ont pu avoir accès aux luttes des Brigades Rouges et autres groupes de la même trempe que par un travail de documentation. D’autant que ce type de combat n’a guère trouvé par la suite de repreneurs. C’est de cette disparition que le jeune auteur et metteur en scène – Derrière les lignes ennemies est sa première mise en scène d’un de ses textes – fait le moteur de son écriture. Il imagine qu’un groupe de personnes de son âge prenne aujourd’hui le relai des groupes d’hier. C’est une toute petite société, composée de seulement quatre personnes réunies sous le nom énigmatique de Groupe Tachigali, mais qui voit les choses en grand. Lucas Samain nous la fait pourtant rencontrer dans un tout petit endroit, très sombre, où se déroulera tout le spectacle. Nous sommes dans la cache où le club des quatre vient d’amener son otage, qu’ils nous présentent ainsi dès le début de la pièce, face public : « À 31 ans, Antoine Moront est diplômé d’HEC et de Polytechnique (…) heureux héritier de TimberGenetics, entreprise de biotechnologie spécialisée dans la recherche génétique et numéro 2 de la vente de semence d’arbres ». Les arbres TimberGenetics, apprend-on sans tarder, résistent à tout mais libèrent aussi des substances cancérigènes, mises en cause dans le cancer généralisé que développe une agricultrice.
Un huis clos très peuplé
Le huis clos qui commence ainsi promet bien du grain à moudre. Tout en interrogeant les modalités du militantisme actuel et ses liens – ou leur absence – avec les luttes passées, Lucas Samain semble annoncer une réflexion sur les enjeux environnementaux. Les premiers échanges entres les geôliers et leur otage confirment cette attente. Un intéressant tête-à-tête témoigne notamment avec force de la recherche menée par l’auteur en matière de biotechnologie. Mais cette voie est vite laissée de côté. Les arguments de Tachigali, dont on ne sait d’ailleurs rien de l’orientation politique – extrême gauche ou extrême droite, tous les doutes sont permis et entretenus par les acteurs –, sont à peine effleurés. Et une fois passés les premiers temps très médiatisés de l’affaire, l’étrange cohabitation du Groupe avec le prisonnier est tout à fait vidée du moindre débat idéologique. S’y mêlent des discussions où le banal côtoie le métaphysique, des éclats de paroles poétiques diffusés en voix off ou encore des tentatives de mise en scène de la séquestration en vue de faire réagir l’opinion. Ces fils multiples détournent la prise d’otage, sans déboucher sur une forme et un sens assez net pour susciter la pensée ou les sensations fortes que l’on pouvait attendre. On en retient l’enlisement de la situation, qui en l’absence d’autre direction dramaturgique sérieuse semble dire la vanité de tout combat, de tout engagement dans une société ultralibérale.
Anaïs Heluin
du mardi au vendredi à 20h, samedi à 19h. Tel : 01 44 95 98 21. Création Théâtre Nanterre-Amandiers Hors-les-murs
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