La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Little Joe / New York 68

Little Joe / New York 68 - Critique sortie Théâtre Strasbourg Le Maillon – Théâtre de Strasbourg
Pierre Maillet dans Little Joe / New York 68 Crédit Photo : Bruno Geslin

Comédie de Saint-Etienne / d’après les films de Paul Morrissey / mes Pierre Maillet

Publié le 26 novembre 2013 - N° 215

Pierre Maillet adapte au théâtre les deux premiers volets de la trilogie cinématographique Flesh – Trash – Heat de Paul Morrissey. Une création à l’image du comédien et metteur en scène du collectif des Lucioles : libre, joyeuse, inspirée.

Après avoir repris, il y a quelques mois, son célèbre Mes Jambes si vous saviez, quelle fumée… (spectacle sur l’œuvre et la vie du photographe Pierre Molinier, mis en scène par Bruno Geslin), le talentueux Pierre Maillet rend aujourd’hui hommage à l’univers de Paul Morrissey. Flesh et Trash cette saison, Heat la saison prochaine* : en s’emparant de la fameuse trilogie du cinéaste américain (films respectivement sortis en 1968, 1970 et 1972), le cofondateur du Théâtre des Lucioles nous plonge dans une époque mythique. L’époque libertaire de La Factory – atelier d’artiste ouvert à New York, dans les années 1960, par Andy Warhol – et des personnalités de la culture underground qui gravitaient en son sein. Ce sont ces personnalités bigarrées que filme Paul Morrissey, jouant d’improvisations à partir de leur propre existence. Au cinéma, les trois « Joe », figures centrales du cycle, étaient interprétées par le sculptural Joe Dallesandro. Pour le théâtre, Pierre Maillet a choisi de faire appel à trois comédiens différents : Denis Lejeune et Matthieu Cruciani pour Little Joe / New York 68, Clément Sibony pour Little Joe / Hollywood 72, le prochain volet.

Un univers vivant et déjanté

Tenant, à chaque instant de la représentation, l’équilibre entre fidélité et réappropriation, le premier opus de ce diptyque théâtral enchevêtre les trames des deux premiers films. Réinventés en frères, le « Joe prostitué » de Flesh et le « Joe toxicomane » de Trash se croisent, se rencontrent, mais vivent leur vie chacun de son côté. L’un vend son corps pour payer l’avortement de la maîtresse de sa femme, l’autre cherche à se procurer la drogue qui lui manque. Au sein d’une scénographie ingénieuse de Marc Lainé (trois espaces, en forme de boîtes, s’imbriquent les uns dans les autres), tous les personnages de ce New York de la révolution sexuelle nous parlent, sans aucune forme de pudeur, de leurs envies, de leurs besoins, nous font entrer dans l’intimité de leurs vies marginales. Perruqués, grimés, dénudés à l’occasion, ils sont dix, aux côtés de Pierre Maillet, à faire renaître cet univers vivant et déjanté. Tous sont formidables. Ils donnent corps aux débordements d’un quotidien à la fois superficiel et aigu, ils nous font rire. Et nous embarquent avec entrain dans leur monde : un monde fait de transgression et de liberté.

Manuel Piolat Soleymat                     

* Création prévue à l’automne 2014, au Centquatre à Paris.

A propos de l'événement

Little Joe / New York 68
du vendredi 15 novembre 2013 au jeudi 6 février 2014
Le Maillon – Théâtre de Strasbourg
13 Place André Maurois, 67200 Strasbourg

Comédie de Saint-Etienne, Centre dramatique national, Les 5 et 6 février 2014, à 20h. Durée de la représentation : 2h. Tél. : 04 77 25 14 14. Spectacle vu lors de sa création, en novembre 2013, au Maillon – Théâtre de Strasbourg. Reprise à l’automne 2014 au Centquatre à Paris, au Théâtre de Nîmes, à L’Hippodrome – Scène nationale de Douai.
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