« Le premier sexe, ou la grosse arnaque de la virilité », un spectacle drôle et instructif de de Mickaël Délis
Solo sur les stéréotypes de genre, Le premier [...]
Avec cette nouvelle création, l’auteur et metteur en scène Baptiste Amann manifeste au plus haut point sa grande générosité narrative et sa vive propension à embrasser le réel dans sa complexité. Une superbe scénographie et des comédiens très efficaces éclairent la densité du propos de ce thriller théâtral philosophique.
La question du commun, du comment faire communauté, innerve l’œuvre de Baptiste Amann. Dans une société à ses yeux traversée par deux grandes tendances, la polarisation simplificatrice et l’amalgame facile, l’auteur et metteur en scène entend exalter la richesse des points de vue en ébranlant nos certitudes. Il y parvient mieux que jamais avec Lieux communs.Au cœur de cette nouvelle fiction aux multiples facettes, il place un fait divers : le décès d’une jeune femme dans des circonstances qui laissent planer le doute sur la possibilité d’un féminicide. L’intrigue, protéiforme, parfaitement maîtrisée, se déploie en quatre dimensions, en quatre situations, qui intéressent, successivement et parfois simultanément, quatre lieux : les coulisses d’un théâtre d’une grande ville de province alors que le spectacle à l’affiche suscite une vive polémique, le sous-sol d’un commissariat où se trouve interrogé le jeune homme qui a passé la nuit avec la décédée, les loges d’une grande chaîne télévisuelle où une réalisatrice en vue attend de sacrifier à une interview, et un atelier de restauration de tableaux anciens qui accueille une stagiaire en voie de reconversion professionnelle.
Une complexité assumée
Les quatre lieux ont en commun d’être habités par des individus que le fait divers regarde personnellement. Baptiste Amann entrelace avec brio, grâce à une construction audacieuse et rythmée, des perspectives antagoniques qui laissent le spectateur face au doute : y-a-t-il eu crime ? Appuyé sur ce fil rouge dramaturgique qui emprunte au thriller et sur la complexité des personnages qu’il a imaginés, il fait glisser, non sans humour, le questionnement sur ces grands sujets, sur ces lieux communs qui préoccupent notre époque : les combats féministes et écologistes, les préjugés raciaux, la guerre, les pouvoirs médiatique et politique… Les stéréotypes volent en éclat en donnant matière à réflexion. De manière peut-être trop démonstrative dans la seconde partie du spectacle, plus introspective, où les principaux personnages sont tour à tour dans une adresse directe au public invités à livrer leur vérité. La densité du propos est accompagnée par une scénographie inspirée conçue pour permettre au spectateur, dans l’enchevêtrement des plans séquences, de ne jamais perdre le fil. Elle est aussi éclairée par l’efficacité du jeu de comédiens très investis.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Du lundi au vendredi à 20h, le samedi à 18h. Relâche le dimanche et le lundi 30 septembre. Dès 14 ans. Tél : 01 48 70 48 90. Durée : 2h30. Spectacle vu au Festival d’Avignon 2024.
En tournée les 16 et 17 octobre 2024 au Zef, Scène Nationale de Marseille, du 27 au 29 novembre 2024 à La Comédie de Béthune, Centre Dramatique National, du 5 au 8 février 2025 au Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine, les 13 et 14 février 2025 au Théâtre de l’Union, Centre Dramatique National du Limousin, du 18 au 21 février 2025 à La Comédie de Saint-Etienne, Centre Dramatique National.
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