La Révérence, d’Hala Ghosn, écriture collective
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Théâtre - Critique /création 2021
Dans ce théâtre visuel étrange et déroutant, les deux comédiennes livrent une performance subtile et saisissante, qui nous fait éprouver le poids du trauma familial.
Dans la pénombre, on distingue des figures immobiles sur le plateau. On découvre ensuite que ce sont des poupées. Elles sont arrangées autour d’un lit, pour reconstituer une soirée arrosée. La techno à pleine balle remplit la scène aux murs blancs, qui sonne comme une étuve. Une lumière d’hôpital les éclaire, aveuglante. Puis le silence. Un homme ganté de cuir entre. Les enlève une à une. C’est la dernière fois qu’on les voit. Les deux comédiennes pénètrent. Leurs corps sont comme englués dans une torpeur. Ralentis. Bien étrange que le théâtre de Gisèle Vienne. On se souvient de l’hypnotique Crowd (2017), chorégraphie qui donnait à une rave party des allures mystiques. Pour cette dernière mise en scène, la marionnettiste franco-autrichienne mise encore l’accent sur le travail du corps et sur l’épaisseur de l’atmosphère.
Trouble de la perception
Deux actrices habituées du cinéma, Adèle Haenel et Ruth Vega Fernandez, incarnent sur scène le texte de l’écrivain suisse-allemand Robert Walser. Un roman de jeunesse intime et violent, écrit pour sa sœur, qui décrit les troubles d’un adolescent qui feint de se noyer dans un étang pour éprouver l’amour maternel. Les comédiennes y apparaissent presque comme des marionnettes, raides, le visage figé, prêtant leur voix tour à tour aux différents personnages de l’histoire. Il y a Fritz l’ado mal aimé et d’autres enfants, interprétés par Adèle Haenel, mais aussi les parents, sadiques ou bienveillants, joués par Ruth Vega Fernandez. Grâce à un travail sur le corps saisissant, elles mettent en relief les tensions entre les corps, pour matérialiser les rapports de domination entre les protagonistes. Leurs voix amplifiées créent un écho étouffé, auquel se mêlent des bruits d’ambiance. Le plateau est tour à tour plongé dans des ambiances lumineuses rose bonbon, soufre ou vert anis qui troublent notre perception, exacerbent le malaise. Sensualité malsaine et violence sourde cohabitent dans cet étau émotionnel. Celui du trauma familial sous-jacent, englué sous la surface de l’étang. Dans ce théâtre visuel lent, profond et plutôt déroutant plane aussi la présence de l’actrice décédée Kerstin Daley-Baradel, qui devait jouer le rôle de la mère. Cette pièce lui est dédiée.
Belinda Mathieu
Rens MC2 : 04 76 00 79 79.
Tournée :
Manège, scène nationale de Reims les 05 et 06 juillet 2021. CCAM / Scène Nationale de Vandoeuvre kes 08 et 09 juillet. Théâtre Paris-Villette dans le cadre du Festival d’Automne à Paris du 08 au18 septembre. LE ZEF, scène nationale de Marseille, dans le cadre du Festival ACTORAL les 29 et 30 septembre. La Comédie de Clermont, scène nationale du 19 au 21 janvier 2022.
Vu le 15 juin au Tandem à Douai. Douai Hippodrome Place du Barlet 59500 Douai.
Représentation aussi le 16 juin à 20h. Rens Tel : 03 27 99 66 66. Durée : 1h25
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