Le bois dont je suis fait de de Julien Cigana et Nicolas Devort, mis en scène par Clotilde Daniault
Une histoire familiale avec deux acteurs et [...]
Dénoncer son semblable pour avoir la vie sauve, ou refuser de le dénoncer et mourir. Le choix est clair ! Plus clair encore est le combat contre l’obscurantisme, que continue Emmanuel Demarcy-Mota avec cette nouvelle création.
Créée en 1953 à Broadway, la pièce d’Arthur Miller est une pièce « d’urgence et de résistance », dit Emmanuel Demarcy-Mota qui, après Rhinocéros, L’Etat de siège et Le Faiseur, continue son « interrogation sur l’homme et le pouvoir, sur les fondements de l’humanité et de ses valeurs, sur le courage et la résistance, les ravages de la pensée unique et totalitaire, l’aveuglement des êtres face à certaines idées ». En 1692, à Salem, en Nouvelle-Angleterre, Elisabeth renvoie sa servante, Abigail, parce qu’elle est la maîtresse de son mari. Pour se venger, Abigail organise, au plus profond de la forêt, une séance nocturne de sorcellerie. Les jeunes filles sont surprises nues et en transe. Pour échapper aux sanctions, elles se prétendent victimes des sorcières et entraînent la ville dans leur délire.
Résister à la séduction du mal
Révélations mensongères, délations, faux aveux : « la pièce nous rappelle tout ce qui, partout (fanatisme, persécutions, racisme, antisémitisme, xénophobie, misogynie, ordre moral) relève, aujourd’hui, d’une chasse aux sorcières ! » Avec Elodie Bouchez dans le rôle de celle par qui le scandale arrive, Emmanuel Demarcy-Mota interroge les affres de la trahison et du mensonge qui flétrissent ceux qui s’y laissent aller, par méchanceté ou par lâcheté, et finissent immanquablement par tuer ou laisser tuer. L’Amérique maccarthyste l’illustra, mais le risque guette ailleurs et toujours : le fanatisme irrationnel, surtout quand il contrefait la vertu, a des alliés très sûrs et des collaborateurs zélés parmi les pleutres, les naïfs et les frustrés. « Ce que nous savons, c’est qu’en chacun de nous il y a prise aussi bien pour Dieu que pour le Diable. », dit Arthur Miller. Emmanuel Demarcy-Mota continue de le rappeler à ses contemporains : le ventre de la bête est toujours fécond et le chemin des égarements et des compromissions est facile à emprunter…
Catherine Robert
Du mardi au samedi à 20h ; le dimanche à 16h. Tél. : 01 42 74 22 77.
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