Après la répétition
A partir de l’oeuvre d’Ingmar Bergman, [...]
Pour leur dernier spectacle en tant que codirecteur et codirectrice du Théâtre national de Toulouse, Laurent Pelly et Agathe Mélinand créent une nouvelle version française des Oiseaux d’Aristophane. Un voyage de 2400 ans au sein de l’histoire du théâtre.
On dit que lorsque le roi de Sicile a demandé à Platon de lui transmettre un tableau capable d’éclairer le plus justement possible la société d’Athènes, le philosophe lui a fait parvenir des comédies d’Aristophane. En prise directe avec le monde grec de son temps, le poète comique (né vers 445 et mort vers 385 avant notre ère) a écrit quarante-quatre pièces. Seulement onze d’entre elles sont parvenues jusqu’à nous. Parmi celles-ci, Les Oiseaux, présentée au Théâtre national de Toulouse dans une mise en scène de Laurent Pelly et une nouvelle traduction d’Agathe Mélinand (publiée aux Editions Les Solitaires Intempestifs). Voir aujourd’hui, en 2017, dix-huit actrices et acteurs (dont Georges Bigot, Eddy Letexier, Alexandra Castellon, ainsi que les sept jeunes comédien-ne-s de la structure d’insertion professionnelle du TNT) faire renaître ce pamphlet satirique raillant des mœurs politico-religieuses vieilles de 2400 ans est un voyage non seulement dans l’histoire du théâtre, mais dans l’histoire des hommes. Un voyage troublant qui nous confronte à des idées et des problématiques étonnamment proches de nos préoccupations contemporaines.
Coucouville-sur-Nuages : entre Athènes et l’Olympe
Dans Les Oiseaux, deux citoyens grecs décident de quitter Athènes pour s’établir loin de la corruption et du tumulte de la ville. Leur idée ? Convaincre la communauté des oiseaux d’ériger dans les airs une cité idéale qui prendrait le pouvoir sur les hommes en les coupant des dieux. L’entreprise réussit : Coucouville-sur-Nuages voit le jour. Mais tiraillée entre les pressions de l’Olympe et les sollicitations du bas monde, la ville nouvelle va rapidement s’éloigner de l’utopie qui fut à l’origine de sa fondation. Dans une atmosphère de pénombre, la représentation signée par Laurent Pelly offre un cadre précis et élégant à cette pièce hétéroclite. Moins hautement féérique que les grands spectacles populaires qu’il a créés par le passé (Le Songe d’une nuit d’été en 2014, L’Oiseau vert en 2015), cette version des Oiseaux dégage quelque chose de plus artisanal, de plus sobrement poétique. Comme si, en revenant à la source de l’histoire du théâtre, le metteur en scène avait voulu se passer du superflu pour s’en tenir à l’essentiel. Quelques lames de bois, des masques, des becs, des ballets d’envols et de frou-frous… Et notre imaginaire qui fait son œuvre, nourri par les foisonnements irrévérencieux de cette comédie antique.
Manuel Piolat Soleymat
Du 18 avril au 13 mai 2017. Les mardis, vendredis et samedis à 20h30 ; les mercredis et jeudis à 19h30 ; le dimanche 7 mai à 16h. Durée de la représentation : 1h45. Tél. : 05 34 45 05 05. www.tnt-cite.com
Egalement les 30 et 31 mai 2017 au Théâtre de Caen, du 13 au 17 juin au Théâtre du Gymnase à Marseille.