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Théâtre - Critique

Les Femmes savantes

Les Femmes savantes - Critique sortie Théâtre
Crédit : Brigitte Enguerand Légende : « Bruno Bayen met en scène Les Femmes savantes, de Molière, au Théâtre du Vieux-Colombier. »

Publié le 10 octobre 2010

Bruno Bayen dirige la troupe de la Comédie-Française dans une nouvelle mise en scène des Femmes savantes, de Molière, au Théâtre du Vieux-Colombier. Un spectacle aux couleurs éparses qui favorise la farce au détriment d’une forme de complexité.

On attend toujours beaucoup d’une nouvelle mise en scène des Femmes savantes. Sans doute parce qu’il s’agit d’une des pièces les plus brillantes de Molière (comédie en cinq actes et en vers, l’avant dernière œuvre de l’auteur, créée en 1672, moins d’un an avant Le Malade imaginaire), certainement l’une des plus belles du répertoire classique. Une pièce qui nous ouvre les portes d’une famille divisée par les questions de l’érudition et de l’émancipation féminine. D’un côté trois femmes (Philaminte — Clotilde de Bayser, Bélise — Isabelle Gardien, Armande — Boutaïna El-Fekkak), de farouches militantes du primat de l’esprit ; de l’autre, le reste de la maisonnée (Chrysale — Thierry Hancisse, Ariste — Bruno Raffaelli, Clitandre — Adrien Gamba-Gontard, Henriette — Georgia Scalliet, Martine — Hélène Surgère). Bernées par un fourbe pédant et manipulateur qui en veut à leur fortune (Trissotin — Pierre Louis-Calixte), les trois savantes se laissent emporter dans un projet de mariage autour duquel se cristalliseront les querelles de cette famille.
 
« Pour l’amour du grec… »
 
Si « pour l’amour du grec », Philaminte, Bélise et Armande se laissent aller à solliciter les baisers d’un érudit de passage, rival de Trissotin (Vadius — Jean-Baptiste Malartre), pour l’amour du théâtre, de celui de Molière en particulier, laissons-nous aller à ne pas complètement nous satisfaire d’une représentation réussissant pourtant à faire sonner les alexandrins de belle manière, à rendre compte de ce miracle de la langue que constituent Les Femmes savantes. Car, pour ce qui est du reste, la mise en scène de Bruno Bayen passe sur les nombreuses et différentes strates de la pièce pour engendrer une représentation assez superficielle. Une représentation faite de figures tirant démesurément vers les commodités de la farce et souffrant, par là même, d’un manque criant de hauteur, de complexité. Tout semble en effet trop simpliste dans cette famille de laquelle n’émergent finalement que Philaminte et Chrysale. Clotilde de Bayser et Thierry Hancisse sont en effet les seuls interprètes parvenant à nous entrainer pleinement dans les profondeurs de leur incarnation, à révéler les excès mais aussi les énigmes de leur personnage. Grâce à ces deux comédiens, par éclats, le génie de Molière nous saisit, nous transportant alors vers une humanité troublante dont la drôlerie est davantage un moyen qu’une finalité.
 
Manuel Piolat Soleymat


Les Femmes savantes, de Molière ; mise en scène de Bruno Bayen. Du 23 septembre au 7 novembre 2010. Du mercredi au samedi à 20h, le mardi à 19h, le dimanche à 16h. Comédie-Française, Théâtre du Vieux-Colombier, 21, rue du Vieux-Colombier, 75006 Paris. Tél : 01 44 39 87 00/01 ou sur www.comedie-francaise.fr. Durée de la représentation : 2h30 avec entracte.

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