« Les garçons et Guillaume, à table ! » mise en scène vibrante par Patrice Mincke du texte de Guillaume Gallienne.
Patrice Mincke met en scène le texte qui [...]
Avignon / 2025 - Entretien / Émilie Rousset
Avec Affaires familiales, Émilie Rousset poursuit sa démarche théâtrale fondée sur la constitution d’archives à partir de rencontres, mises ensuite en jeu dans des dispositifs toujours singuliers. Elle partage ici son exploration du droit familial, auprès d’avocates et de justiciables.
Dans Reconstitution : Le procès de Bobigny (2021) déjà, on rencontrait une figure d’avocate, celle de la célèbre Gisèle Halimi. Pourquoi avoir voulu aller ensuite à la rencontre d’avocates spécialisées en droit de la famille ?
Émilie Rousset : Il y a toujours un faisceau de raisons multiples qui me mènent à vouloir travailler sur un sujet, et la figure de Gisèle Halimi en fait en effet partie. À la fois avocate et militante féministe, elle m’a fait réfléchir au fait que le droit n’est pas un espace clos : il est en dialogue non seulement avec le Parlement et les législateurs mais aussi avec la société. C’est pour explorer cette frontière poreuse entre droit et société que je suis allée à la rencontre d’avocates, dont l’une est pionnière dans la défense de l’homoparentalité, une autre se consacre à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants, une autre encore aux enlèvements internationaux d’enfants. J’ai aussi rencontré de nombreux justiciables.
Avez-vous mis en place un protocole de rencontre spécifique pour aborder ces personnes ?
E.R. : J’ai procédé de manière fidèle à mes habitudes, établies depuis plusieurs années dans le cadre de mon travail qui consiste toujours à construire des dispositifs où les archives que je récolte peuvent être accueillies et activées. Ici, je me suis adressée à des personnes qui avaient déjà développé une parole sur leur métier et leur engagement. Pour la première fois, j’ai filmé ces entretiens, qui apparaissent pour partie dans le spectacle, au cœur de la scénographie conçue par Nadia Lauro.
Le montage que vous avez réalisé à partir de ces entretiens est porté sur scène par sept comédiens originaires de différents pays d’Europe. Pourquoi ce choix ?
E.R. : Le champ des affaires familiales a beaucoup évolué ces dernières années, du fait des nombreux bouleversements qui traversent la société, en France mais aussi plus largement en Europe. En rencontrant avocates et justiciables dans divers pays européens – au gré de la tournée d’un autre de mes spectacles –, j’ai pu observer des évolutions communes. J’ai aussi constaté des spécificités, comme en Italie où Giorgia Meloni est revenue sur les actes de naissance des enfants qui ont deux mères. À l’inverse, l’Écosse est précurseuse. Elle a par exemple inscrit dans la loi le délit de contrôle coercitif alors que l’on commence à peine à en parler en France.
Quel chemin de pensée dessinez-vous avec toute cette matière ici rassemblée ?
E.R. : C’est ma trajectoire au sein du droit familial que je donne à voir. Nous observons aussi la progression de plusieurs affaires, depuis l’instant où des familles viennent livrer leur histoire dans le cabinet de l’avocate, jusqu’au moment où celle-ci est transformée en dossiers judiciaires pour être présentée devant les juges. Grâce à un dispositif bifrontal, le spectateur est pleinement intégré à ce mouvement : il est amené à s’interroger sur la façon dont on se positionne en tant que membre de la société face aux questions soulevées dans cette création.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
à 18h, relâche le 14.
Tél. : 04 90 14 14 14.
Durée : 2h30.
Patrice Mincke met en scène le texte qui [...]
La metteuse en scène Carole Errante revient à [...]
Pour en finir avec la politesse ! Astrid [...]