« L’Oiseau de Prométhée », fable ambitieuse qui signe le retour à la scène de la cie Les Anges au Plafond
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Assister à une représentation de la pièce Alfred et Violetta assure un dépaysement. Réadaptation de la première pièce de Rezo Gabriadze, marionnettiste géorgien incontournable de la fin du 20e siècle, c’est un spectacle de marionnettes qui a un charme suranné mais certain.
Dans Alfred et Violetta on reconnaîtra les prénoms des principaux protagonistes de La Traviata de Verdi, elle-même inspirée de La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils. Il ne s’agit pas d’une adaptation servile de l’une ou l’autre de ces œuvres, même si l’essentiel de l’intrigue amoureuse est conservé – avec une chute plus heureuse – et si les airs de Verdi viennent rythmer une pièce très musicale. Rezo Gabriadze situe en effet son récit dans la Géorgie de 1991 lors de l’effondrement du bloc soviétique, et le résultat de ce double décalage est assez fascinant. Sur le fond, on revisite le séisme qu’a pu être la transition vers un capitalisme qui se mêlait de pratiques mafieuses – Clou, un personnage de bandit, en est ici l’incarnation caricaturale. Sur la forme, on découvre un théâtre de marionnettes qui a incarné la modernité en Géorgie il y a plusieurs décennies, et qui garde un attrait certain, entre esthétique datée et manipulation virtuose.
Un charme désuet et une virtuosité fascinante
Du point de vue plastique, les très nombreux décors peints sur toiles que les marionnettistes changent en un clin d’œil, la facture même des marionnettes aux bouches ou aux yeux minutieusement articulés, les lignes et les couleurs qui pourraient se revendiquer du fauvisme, tout fonctionne encore malgré le passage du temps. Du point de vue de la manipulation, l’utilisation de marionnettes à fils et à tringles vient rappeler ce que ces sous-genres peuvent avoir d’élégance poétique et de force évocatrice. On peut alors oublier la traduction perfectible ou le traitement des personnages féminins – qui appartient à un autre siècle – pour profiter de ce spectacle au doux parfum de nostalgie.
Mathieu Dochtermann
à 20h30 sauf le dimanche à 15h. Tél : 01 40 03 44 30.
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