F(l)ammes
Ahmed Madani poursuit son exploration des [...]
Avignon / 2017 - Entretien / François Cervantes
François Cervantes présente trois spectacles à Avignon : un au lycée Saint-Joseph, avec les élèves du Conservatoire, deux dans le Off. Trois occasions de découvrir le travail et le talent d’une entreprise théâtrale protéiforme.
« Jamais l’acte de création n’a quitté le plateau. »
Comment avez-vous travaillé avec les élèves du Conservatoire ?
François Cervantes : Je suis parti d’eux, de leurs improvisations : jamais l’acte de création n’a quitté le plateau. Je savais délicat de demander cela à des jeunes gens. Eux avaient plutôt envie d’une épopée ! Mais c’est justement ce qu’ils connaissaient de leurs racines qui a construit l’épopée. Dans la lumière et le présent du plateau, je leur ai demandé de retrouver leur mémoire personnelle : eux à six ans, à quinze ans ; puis, dans la chaîne des souvenirs qui remontent, aller plus loin encore et inviter au plateau quelqu’un faisant partie d’eux-mêmes : une mère, un ancêtre… Il s’agissait de faire venir ces personnages au présent plutôt que de retourner au passé. J’avais à disposition un énorme matériau initial, né des improvisations ; j’ai choisi, tamisé, réécrit. A la fin, plusieurs ancêtres morts sont apparus, amenés petit à petit vers l’écriture théâtrale.
Quel est le résultat au plateau ?
F. C. : Le tableau d’une génération. Ce qui m’a marqué, c’est la diversité des origines : Liban, Brésil, Normandie, Hongrie ; une arrière-grand-mère écrivain, les traces d’une prison marocaine, du génocide arménien… Eux aussi se sont rendus compte à quel point ils offraient une histoire contemporaine au public. Il y a aussi, chez eux, une grande diversité du rapport à l’art : certains viennent de famille ayant toujours trempé dedans, d’autres de famille où il était absent. Par quel endroit entrent-ils dans le théâtre, comment se fait leur vocation, comment marient-ils leur famille artistique en train de naître à leur famille de sang ? Leurs corps et leurs voix y répondent. La diversité est là, palpable, devant nous, et les morts revenus regardent ouvertement le théâtre et la manière dont l’instant présent est fait de leur voyage à travers les corps de leurs petits-enfants.
Quid de Prison possession, pièce que vous interprétez ?
F. C. : C’est le résultat de deux années de correspondance avec Erik Ferdinand. J’avais commencé à correspondre avec plusieurs détenus ; très vite, l’échange est devenu dense avec lui. Quand j’ai décidé d’écrire le texte, j’ai laissé les lettres et transcrit mon ressenti, puis j’ai décidé de jouer moi-même, seul au plateau, pour témoigner au plus près de ce qui s’est passé entre nous, dans cette correspondance entre immobilité consentie et immobilité obligatoire. J’avais besoin de m’impliquer pour comprendre.
Propos recueillis par Catherine Robert
Festival d’Avignon. Claire, Anton et eux. Gymnase du lycée Saint-Joseph, du 17 au 19 juillet à 18h. Tél. : 04 90 14 14 14. Durée : 1h45.
Avignon Off. Face à Médée. Théâtre L’Entrepôt, 1ter, boulevard Champfleury. Du 7 au 28 juillet à 17h20 (relâche les 11, 18 et 25 juillet). Tél. : 04 90 86 30 37. Prison possession. Gilgamesh Belleville, 11, boulevard Raspail. Du 6 au 28 juillet à 12h25 (relâche les 11, 18 et 25 juillet). Tél. : 04 90 89 82 63 / 07 68 92 00 62.
Ahmed Madani poursuit son exploration des [...]