La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Le Songe d’une nuit d’été

Le Songe d’une nuit d’été - Critique sortie Théâtre Toulouse Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées
Laurent Pelly sublime Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Crédit Photo : Polo Garat Odessa

Région / Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées / de William Shakespeare / mes Laurent Pelly

Publié le 27 mars 2014 - N° 219

Ronde de l’amour, farce du théâtre dans le théâtre, poésie visuelle de rêves éveillés… Laurent Pelly réinvente la magie du Songe d’une nuit d’été au Théâtre national de Toulouse. Un spectacle d’une puissance esthétique impressionnante.

Tout part d’un rêve. Le rêve éveillé d’Hermia, jeune athénienne que son père, Egée, veut forcer à épouser Démétrius. Or ce n’est pas le jeune homme qu’elle aime. Celui qui fait battre son cœur s’appelle Lysandre. Sur un lit disposé au centre d’une immensité nocturne — oreiller, couette, pyjama, dont la clarté se détache et se reflète au sein d’un espace vide en forme de boîte réfléchissante — la jeune fille assiste à une discussion mettant en présence son père, ses deux prétendants et le duc d’Athènes. La loi de la cité est formelle : soit elle obéit à l’injonction paternelle, soit elle se condamne à la mort ou au célibat. Mais alors, rêve ou cauchemar que ce Songe aux perspectives de destin tragique ? La question pourrait se poser si la mise en scène de Laurent Pelly (qui signe les costumes et la scénographie ; les lumières sont de Michel Le Borgne ; la création sonore, qui emprunte notamment aux standards américains des années 1950, est de Joan Cambon) ne nous transportait dans un univers à l’onirisme certes ténébreux, mais toujours rieur. Car il s’agit bien là d’une des comédies les plus enjouées de William Shakespeare. Une comédie que le codirecteur du Théâtre national de Toulouse met en scène après s’être emparé de Macbeth, en début de saison*.

Jeux de reflets, de clairs-obscurs, et pouvoir de l’imaginaire

Conçu comme l’envers du cauchemar que faisait naître ce précédent spectacle, cette version du Songe d’une nuit d’été repose sur la même puissance esthétique. Et sur la générosité d’une troupe (Clément Durand, Jeanne Piponnier, Antoine Raffalli, Sabine Zovighian…) dont plusieurs membres interprétaient déjà Macbeth. Tout cela fait merveille. Des ballets de fées qui jouent les vers luisants (interprétées par des élèves du Conservatoire de Toulouse), des joutes aériennes qui voient virevolter le roi des elfes (Laurent Meininger) et la reine des fées (Marie-Sophie Ferdane), les facéties et les manœuvres surnaturelles du lutin Puck (formidable Charlotte Dumartheray), la drôlerie d’un groupe de comédiens amateurs… Ce cosmos de la nuit, au sein duquel tout devient possible, s’appuie sur l’espace à remplir du plateau nu. Ainsi, pas d’arbre, pas de talus, pas de clairière dans la forêt mystérieuse où se succèdent désordres et sortilèges amoureux. Privilégiant la suggestion à l’illustration, Laurent Pelly élabore un théâtre de l’imaginaire. Il impose la force et l’éclat des reflets, des fulgurances, des apparitions et des disparitions. Comme par magie, tout un monde surgit dans notre esprit. Et affirme l’évidence d’une féérie en clair-obscur.

Manuel Piolat Soleymat

* Critique à lire dans La Terrasse n° 213, octobre 2013.

A propos de l'événement

Le Songe d’une nuit d’été
du mardi 25 mars 2014 au samedi 19 avril 2014
Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées
1 Rue Pierre Baudis, 31000 Toulouse, France

Du 25 mars au 19 avril 2014. Les mardis, vendredis et samedis à 20h30, les mercredis et jeudis à 19h30. Durée de la représentation : 2h25. Tél. : 05 34 45 05 05. www.tnt-cite.com

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